Donnons un coup de projecteur sur l’un des secteurs de Pointe-à-Pitre où la municipalité organise l’opération "1 mois, 1 quartier", depuis le 8 et jusqu’au 16 novembre 2024 : Mortenol. Le coin est estampillé "quartier prioritaire de la politique de la ville" (QPV) et pour cause : il est régulièrement sous les feux de l’actualité, à cause de faits témoignant de l’insécurité qui y règne.
Mortenol est sorti de terre dans les années 1970. Il est composé de trois cités gérées par la SIG, bailleur social : Nord, Sud et Sud prolongé. Toutes sont marquées par la vétusté des bâtiments, mais aussi par la volonté des habitants de faire vivre les lieux et de les préserver de la violence.
Ils seront prochainement aidés par la ville, qui prévoit de transformer le site, dans le cadre d’un projet intitulé "Réinventons Lapwent".
Nous nous sommes rendus sur place pour savoir comment vivent les très nombreuses familles, souvent installées là depuis de décennies.
Un quartier délaissé
Ils sont nombreux à considérer que le quartier de Mortenol est laissé-pour-compte. Déjà, la route pour y accéder est défoncée. L’environnement fait peine à voir.
C’est une cité où on se bat pour qu’on nous voie, mais elle est oubliée, au niveau de l’entretien, de l’éclairage, des routes... Ce sont des promesses, on attend, on vit dans une instabilité pas possible. En fin de compte, il n’y a pas de suivi. Chaque fois qu’on parle de Mortenol, c’est la violence, la drogue... Non ! Il n’y a pas que ça à Mortenol ! Il y a des habitants !
Martine Hugonin, habitante de Mortenol depuis 25 ans
Alors Martine s’est retroussé les manches et a créé un jardin créole, au cœur de son quartier ; sa pierre à l’édifice, pour changer l’image des lieux.
Des associations œuvrent aussi au quotidien pour animer le quartier.
Les jeunes d’ici tentent de débrouiller, tout comme leurs mamans et leurs papas. Nous avons beaucoup de familles monoparentales. Avec l’association, nous mettons en place des activités en place pour les enfants.
Ruddy Chasselas, président de l’association "Vivre à Mortenol" [traduction du créole]
Tous refusent d’être résumés à l’insécurité.
Il y a des blocs partout. Il ne faut pas stigmatiser Mortenol ! Le bloc, c’est quoi ? Des bâtiments qu’ils ont créés, sans rien créer autour ; il n’y a pas d’espaces de jeux, il n’y a pas d’espaces de loisirs, il n’y a rien !
Martine Ugolin, habitante de Mortenol depuis 25 ans
Les habitants attendent beaucoup du plan de rénovation prévu par la mairie. Mais ils espèrent que sa concrétisation se fera dans la concertation.
Nous, à Mortenol, on ne demande pas beaucoup ! Juste l’amélioration du cadre de vie. On veut se sentir bien dans notre peau, une cohésion sociale. On a toujours de l’espoir. Il ne faut pas baisser les bras. Avec un bon dialogue avec les jeunes, le respect, ça va tenir !
Christian Odadan, président de l’association "Jénès an Mouvman Mowtenol" (JAMM)
Ils ne peuvent pas venir nous imposer certaines structures. Ça doit se faire avec les personnes et les associations du quartier. Ce n’est pas un quartier pire qu’un autre. Malgré l’insalubrité, malgré son état, nous essayons de l’honorer, de le fleurir, etc. Beaucoup de personnes, notamment de séniors, souffrent sur place.
Ruddy Chasselas, président de l’association "Vivre à Mortenol" [traduction du créole]
À bon entendeur...
"1 mois, 1 quartier"
Dans le cadre de l’opération "1 mois, 1 quartier", la ville se veut au cœur des quartiers de son territoire. Outre à Mortenol, des animations sont prévues à Liber Plocoste, à Georges-Roux et à la résidence Vatable. Les élus sont appelés à aller à la rencontre des administrés, lors de permanences.
Le programme est à consulter ci-dessous :
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