À Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, la cité Mortenol a longtemps été perçue comme une zone dangereuse, en raison de son passé tumultueux lié aux activités des gangs et trafics. Cependant, le véritable danger aujourd’hui réside dans la vétusté et l’insalubrité des lieux. Les bâtiments, construits dans les années 1970, montrent des signes évidents de dégradation, rendant la vie quotidienne des résidents difficile et parfois dangereuse.
Un avenir prometteur
Cependant, tout est en passe de changer. Avec le grand plan de rénovation urbaine appelé "Réinventons Lapwent" et le récent rachat de cette cité à la commune de Pointe-à-Pitre par la Société immobilière de Guadeloupe (SIG), un avenir plus décent s'esquisse pour les habitants des 513 appartements. Entre inquiétudes et espoirs, entre désir d'un vrai changement et souhaits de ne pas perdre leur identité.
Le futur de la cité pourrait lui donner une toute nouvelle notoriété car cet ensemble d'immeubles, à la fois délabré et aux normes sismiques dépassées, va changer radicalement de visage. En effet, afin d'éviter le déracinement massif de ses habitants, Mortenol est la première cité à être détruite par étapes pour renaître à la même place. Et c'est une grande première !
Cette décision novatrice en matière d'urbanisme et d'action sociale a été prise en août 2022 par la municipalité, et le rachat des immeubles en 2023 par la SIG ouvre les possibilités de financement d'une rénovation de cet habitat social.
La session de ces espaces immobiliers à la SIG, ce n'est pas juste pour faire du fric, c'est pour donner une seconde vie et faire une transition vers un autre Mortenol, un autre village. Dans la création de ce village, tous les acteurs ont un rôle à jouer et une nouvelle vie va commencer.
Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre
Entre espoirs et inquiétudes
Les habitants de Mortenol expriment des sentiments mêlés face à ces changements. D’un côté, il y a un désir ardent de voir leur environnement s’améliorer, de bénéficier de logements plus salubres et sécurisés. De l’autre, il y a la crainte de perdre leur identité et leur communauté, des éléments essentiels de leur vie quotidienne.
Dans cette période où il est question de restauration puis de reconstruction, pour la première fois pendant plusieurs semaines, une caméra a pris le pouls de cette cité à la fois singulière mais aussi exemplaire, où des résidents et des associations pratiquent l’entraide et la solidarité pour tenter de réduire la délinquance, la précarité, ou tout simplement pour mieux vivre ensemble.
La majorité des jeunes qu'on retrouve dans des mauvaises situations, ce sont ceux qui sont sortis un peu tôt du circuit scolaire et c'est souvent ceux-là qui deviennent des petits bandits et qui pensent qu'on les a mis à côté parce qu'ils ne valent rien et parce que ce sont des incapables. Tout le monde est capable de quelque chose, moi c'est ma philosophie.
Laïon, artiste
Un témoignage humain
Mortenol, l’espoir a droit de cité ! est avant tout un témoignage humain. Il donne la parole aux résidents, leur permettant de partager leurs histoires, leurs espoirs et leurs craintes. Le documentaire offre une perspective intime sur les défis de la rénovation urbaine et sur l’importance de préserver l’identité culturelle et communautaire dans ce processus de transformation.
Guidés par des jeunes entrepreneurs comme Nicolas ou Joko, c’est la découverte, de jour comme de nuit, du vrai visage de cette cité. Avec Cécile ou Kiki, c’est le partage d’actions et de réflexions avec des anciens qui se démènent pour leur cité. Grâce à Rudy, la culture résonne au cœur des barres tout en renforçant l’esprit lakou (espace en marge entre le rural et l'urbain, permettant à des personnes en provenance de la campagne de se loger à moindre frais).
Avec Tiyou et Toktone, c’est aussi la preuve que Mortenol garde une place à part dans la création musicale en Guadeloupe.
Mortenol c'est une famille qui a marqué l'histoire de la musique guadeloupéenne urbaine, les jeunes qui viennent de là-bas, sortent des produits qui s'écoutent et qui se vendent.
Rodrigo, beatmaker
Dans leurs jardins intérieurs, Daniel ou Jean-Martin pratiquent la bienveillance verdoyante, pendant que dans son atelier K-Palet, Laïon propose des idées pour réduire le chômage parmi les jeunes en échec scolaire. Sur "l'île papillon", le négatif se transforme en positif, et à Mortenol l’espoir a de nouveau droit de cité !
L'intégralité du documentaire est à retrouver ici.
Écrit et réalisé par Philippe Allante
Production : Eclectic Production, avec la participation de France Télévisions Guadeloupe La 1ère
Durée : 52 minutes
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