Série d’agressions au couteau à Pointe-à-Pitre : qui est la femme mise en cause ?

La police sécurise les sites où sont les victimes. Ici, sur le boulevard Légitimus (Pointe-à-Pitre) - 20/03/2024.
Une SDF de 30 ans est mise en cause dans l’affaire d’agressions au couteau de ce jeudi matin. Ce fait violent s’ajoute à une longue liste d’agressions et de crimes perpétrés ces derniers jours, dans l’agglomération pointoise. De quoi faire dire aux autorités judiciaires que la société guadeloupéenne est en train de véritablement basculer dans l’insécurité.

Quelques heures après la série d’agressions perpétrées ce mercredi matin (23 mars 2024), à Pointe-à-Pitre, les autorités judiciaires ont reçu la presse pour faire le point sur cette sordide affaire. Le sous-préfet, le maire de Pointe-à-Pitre et le directeur territorial de la police nationale étaient aux côtés de la procureure de la République.

Conférence de presse après la série d'agressions au couteau de ce jeudi - 20/03/2024.

Pour rappel, quatre femmes ont été poignardées dans le dos, peu avant 10h00 : deux à la rue Frébault, une au boulevard Légitimus et une autre à la rue des Cités Unies. Il s’agissait de passantes, attaquées sans raison apparente ; deux étaient des touristes, dont une croisiériste écossaise et une Réunionnaise.
Très rapidement, la mise en cause a été interpellée en flagrant délit et placée en garde à vue.

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Qui est la personne suspectée ?

La mise en cause est une femme de 30 ans d’origine haïtienne. Cette personne sans domicile fixe (SDF) est un visage familier en ville, territoire qu’elle arpente régulièrement. Elle est d’ailleurs réputée pour de mauvaises raisons ; d’autres faits similaires à ceux de ce mercredi, lui sont imputés.
Cette dame est aussi défavorablement connue de la justice, puisque condamnée le 11 mars dernier, par le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, à 2 mois de prison avec sursis, suite à des violences avec arme.

Ce jeudi, l’interpellation a eu lieu derrière la mairie de Pointe-à-Pitre, à la rue des Cités Unies. Une intervention compliquée pour les policiers mobilisés, car elle a eu lieu dans un lieu public bondé, en présence d’une personne armée et dangereuse. Celle-ci s’est débattue et a pris la fuite en courant, poursuivie par les agents ; c’est alors qu’elle a attaqué d’autres victimes.

Il y a eu une tentative d’interpellation qui n’a pas abouti, parce que la dame s’est débattue violemment et c’est toujours très compliqué, sur la voie publique, d’interpeller une personne armée d’un couteau (...)

Christophe Gavat, directeur territorial de la police nationale

Christophe Gavat, directeur territorial de la police nationale ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

Les autorités judiciaires sont dans l’attente de l’expertise psychiatrique de la suspecte, pour déterminer quelles suites peuvent être données à ce dossier. La question qui se pose : la suspecte sera-t-elle reconnue responsable des actes qui lui sont reprochés ?

La Guadeloupe a "basculé" dans la violence

Le sous-préfet de Pointe-à-Pitre comprend l’émoi suscité par la multiplicité des faits violents, à Pointe-à-Pitre. Des mesures sont prises, pour endiguer la montée de l’insécurité, affirme-t-il. 

Depuis plusieurs semaines, la police mène des actions quotidiennement sur le terrain. On a déployé des opérations place nette dans différents quartiers de Pointe-à-Pitre et puis, à la demande du préfet, les effectifs de police sur le terrain ont été renforcés (...).

Jean-François Moniotte, sous-préfet de Pointe-à-Pitre

Jean-François Moniotte, sous-préfet de Pointe-à-Pitre ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

Le directeur territorial de la police nationale parle de 70 à 75 effectifs de la sécurité publique déployés sur le terrain, chaque jour, dans l’agglomération pointoise (Abymes, Gosier, Pointe-à-Pitre).

Pour autant, les riverains et les élus ne voient pas encore les résultats concrets de ces actions. L’inquiétude prévaut, pour le moment, quant à l’évolution de la société guadeloupéenne dans son ensemble, alors que les jeunes générations sont surreprésentées dans des faits de délinquances ou des crimes. 

Je pense que le problème est sociétal. Je pense que le problème est global et que la violence est élevée au grade de meilleur moyen pour régler ses problèmes, pour obtenir satisfaction à ses revendications. Donc c’est globalement, généralement,  que nous devons tous nous abstenir de recourir à la violence, même verbale (...).

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère
L’année dernière, 12% de faits délictuels ont été commis par des mineurs. Depuis début 2024, ce taux d’implication est passé à 38%. Les jeunes majeurs aussi se font remarquer, de la pire des manières.

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La procureure a enfoncé le clou, durant cette conférence de presse, listant ce qui s’est passé ces dernières semaines, pour confirmer la flambée de violences lors de faits hétéroclites.
Le Parquet de Pointe-à-Pitre traite une quinzaine de gardes à vue par jour.

Ce qui ressort, finalement, c’est toujours une utilisation désinhibée d’armes à feu et d’armes blanches. Ce qui ressort c’est cette notion de violence dans la société.

Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre

Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

Concernant les victimes de ce matin, les quatre femmes sont sorties d’affaire ; leurs jours ne sont plus en danger, alors qu’après les faits il était question de pronostic vital engagé pour deux d’entre elles.