Un pont aérien entre Haïti et la République dominicaine a été annoncé mercredi (13 mars 2024), par l'Organisation des Nations Unies (ONU). Il s'agit notamment d'acheminer de l'aide humanitaire à la population haïtienne, victime d'une crise multidimensionnelle. Ce pont devrait être "opérationnel aussi vite que possible", a-t-il été indiqué. Ce dispositif doit notamment compenser la fermeture de l’aéroport international haïtien, du fait d'opérations violentes menées par des gangs, qui visent des sites stratégiques du pays, depuis plusieurs jours.
La connexion aérienne n'est pas encore opérationnelle. Les collègues travaillent pour s'assurer que ce soit opérationnel aussi vite que possible.
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU
Un relais humanitaire
Cette liaison aérienne entre les deux pays qui se partagent l'île d'Hispaniola se fera par hélicoptère. Elle doit permettre d'apporter "des provisions" en Haïti, mais aussi de relocaliser en République dominicaine le personnel international de l'ONU non essentiel et de faire venir du personnel spécialiste de la gestion de crise et de l'aide humanitaire, a précisé Stéphane Dujarric.
Le secrétaire général a par ailleurs répété l'inquiétude de l'ONU sur la situation humanitaire et le manque de financements pour aider la population.
Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui se traduit notamment par la distribution de repas chauds à Port-au-Prince (13.000 repas ont été distribués mercredi), "pourrait devoir fermer la semaine prochaine, en l'absence de financements supplémentaires", a-t-il alerté, précisant que le PAM avait besoin en urgence de 10 millions de dollars.
Pour 2024, le plan humanitaire de l'ONU pour Haïti, estimé à 674 millions d'euros, est à ce stade financé à 3,2% (21,6 millions de dollars), a déploré Stéphane Dujarric.
Une transition compliquée par les tractations locales
Les gangs, qui contrôlent la majeure partie de la capitale Port-au-Prince, ont lancé une campagne armée, il y a près de deux semaines, afin de renverser le premier ministre haïtien Ariel Henry, plongeant le pays dans un conflit violent, avec des risques de famine et de guerre civile.
Depuis, lundi, Ariel Henry a accepté de démissionner, après une réunion d'urgence organisée en Jamaïque, avec la participation de représentants haïtiens, de la Communauté des Caraïbes (Caricom), de l'ONU et plusieurs autres pays, comme les Etats-Unis et la France.
Mais le plan de transition, annoncé lors de cette réunion, semble menacé. Ce plan vise à permettre aux Haïtiens de former un Conseil présidentiel et à rétablir un semblant de stabilité.
Des désaccords sont rapidement apparus, au sein des partis politiques censés s'entendre sur la composition d'autorités provisoires, après l'annonce de la démission du premier ministre contesté.
Et un chef de gang a jeté un pavé dans la mare et s'est, malgré tout, engagé à poursuivre la lutte pour "la libération de Haïti".