C’est en octobre 2023 que le Conseil de sécurité de l'ONU avait donné son feu vert à l'envoi de cette Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya pour aider la police haïtienne dépassée par les gangs. Alors que le mandat expire le 2 octobre, les Américains, en charge de ce dossier au Conseil, ont fait circuler vendredi un premier projet de texte, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques à l'AFP. La visite en Haïti ce jeudi, d'Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, n'est peut-être pas étrangère à l'affaire puisqu'il a rendu visite à la Force multinationale.
Une proposition qui aura du mal à convaincre
Ce texte, consulté par l'AFP, prévoit d'étendre d'un an le mandat de la mission, jusqu'au 2 octobre 2025.
Mais il demande aussi à l'ONU "de commencer à planifier une transition de la MMAS vers une opération de maintien de la paix de l'ONU, dans le but de consolider les acquis" de la mission. Cette proposition risque de ne pas faire l'unanimité et promet d'intenses négociations d'ici le vote prévu le 30 septembre.
Quelque 400 policiers kényans sont arrivés pour l'instant en Haïti, sur les 2.500 policiers prévus à terme (du Kenya et de plusieurs autres pays) et le financement de la mission, sur la base du volontariat, est loin d'être suffisant. Les habitants de Port-au-Prince perdent patience face à l'absence de résultats concrets. Dans ce contexte, les Etats-Unis ont indiqué cette semaine qu'ils n'excluaient plus une modification du mandat de la force multinationale.
Notre objectif est d'avoir une mission efficace, forte, capable d'apporter le type de progrès en matière de sécurité que le peuple haïtien mérite (...). Une force de maintien de la paix formelle est l'un des moyens d'y parvenir, mais nous envisageons de multiples façons d'y parvenir.
Brian Nichols, sous-secrétaire d'Etat américain en charge des Amériques
L'échec des précédentes missions de l'ONU en Haïti
Après l'appel à l'aide des autorités haïtiennes, la communauté internationale avait pourtant opté pour une mission non onusienne dans ce pays échaudé par de précédentes expériences. Des Casques bleus de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), présente de 2004 à 2017, avaient notamment apporté le choléra, entraînant une épidémie ayant fait plus de 10.000 morts.
Plusieurs responsables de l'ONU insistent d'autre part sur le fait que la lutte antigang, ou antiterroriste dans d'autres régions du monde, ne fait pas partie du mandat des missions de maintien de la paix onusiennes.