C'est un bilan terrible pour Haïti. Au cours de l'année 2022, 1 448 personnes ont été tuées, 1 145 ont été blessées et 1 005 ont été enlevées par des gangs dans le pays.
C'est le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, qui a révélé ces chiffres. Ce dernier, en a appelé "au courage politique" et à la "responsabilité", au niveau national et international, pour lutter contre "l'impunité endémique" dans l'île.
Depuis des années, Haïti est enlisé dans une profonde crise économique, sécuritaire, et politique. L'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021 a profondément aggravé la situation, avec une emprise de plus en plus forte des gangs.
En s'exprimant devant les médias à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'homme, M.Türk a déclaré que "C'est un pays où des gangs armés, qui seraient soutenus par les élites économiques et politiques, contrôlent plus de 60% de la capitale, où quelque 4,7 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë".
Selon l'ONU, les effectifs policiers haïtiens, qui s'élevaient à 13.000 agents actifs au mois de septembre, soit un ratio d'environ un policier pour 1.000 habitants, sont insuffisants.
Par ailleurs, la demande début octobre faite par le gouvernement haïtien d'avoir une "assistance internationale" pour résoudre la crise sécuritaire n'a pas encore été suivie d'effets.
Le Haut-Commissaire de l'ONU a également accusé les gangs d'utiliser "la violence sexuelle pour inspirer la peur et exercer un contrôle sur la population". Et pour cause, selon un rapport publié en octobre dernier par l'organisation, des enfants "d'à peine 10 ans et des femmes âgées" sont à compter parmi les victimes de viols collectifs, dont certaines "ont été mutilées et exécutées après avoir été violées".
Volker Türk a insisté sur le fait qu'"il faut s'attaquer aux causes profondes de la crise, en particulier les inégalités sociales, la corruption rampante, la collusion entre des élites puissantes et les chefs de gangs, et l'impunité endémique". "Il est inadmissible que des personnes profitent de cette insécurité endémique et de la souffrance des Haïtiens", a-t-il insisté, saluant par ailleurs la récente décision du Conseil de sécurité des Nations unies de sanctionner les gangs et leurs meneurs.