Haïti : Le Sénat valide la politique générale du nouveau gouvernement

Le sénat haïtien a approuvé, samedi matin, la politique générale du nouveau gouvernement, après une séance marathon de plus de 15 heures. Une avancée malgré la colère de parlementaires face à des ministres soupçonnés de fraudes fiscales.
Le nouveau chef du gouvernement Jean-Henry Céant, nommé le 5 août par le président Jovenel Moïse, a écouté les critiques et les doutes des élus sur la viabilité de sa politique générale, manquant de détails sur sa faisabilité et son financement, avant d'obtenir le vote favorable de 21 sénateurs. 
Cinq autres ont voté contre son projet de politique générale et deux se sont abstenus.
                  

Des soupçons de fraude fiscale planent sur plusieurs ministres du gouvernement

Notaire de profession, Jean Henry  Céant, 61 ans, avait fini cinquième à l'élection présidentielle de 2016, obtenant 0,75% des suffrages. Au scrutin de 2010, il avait eu un peu plus de 8% des voix, arrivant en quatrième position.                  
Avant d'écouter le Premier ministre présenter sa politique générale, les sénateurs ont débattu de manière houleuse pendant plus de six heures sur les soupçons de fraudes fiscales qui planent sur certains ministres du nouveau gouvernement. 
"Si ce soir ici on vote en faveur de gens qui ne paient pas leurs impôts alors il faut accepter que, demain, la population va commencer à ne pas payer ses impôts", a lâché le sénateur Antonio Chéramy devant l'intégralité des membres du gouvernement présents dans la salle.                  
Le 6 septembre, au lendemain de l'annonce de la composition du gouvernement, plusieurs ministres s'étaient pressés au siège de l'administration fiscale pour régulariser, en pleine nuit, leur situation, ce que le sénateur Patrice Dumont a qualifié de "procession de la honte".
Pour être confirmé à un poste ministériel, un citoyen doit pouvoir prouver le règlement de ses impôts sur les cinq dernières années.  
 

Haïti doit retrouver un climat apaisé                

Le nouveau gouvernement haïtien va avoir pour lourde mission d'apaiser le climat socio-économique, toujours tendu après les trois jours d'émeutes qui, en juillet, avaient poussé le Premier ministre à la démission.
Le 6 juillet, la tentative gouvernementale d'augmenter les prix des carburants de 38 à 51% avait immédiatement entraîné une vague de révolte à travers tout le pays. Les violences les plus grandes avaient eu lieu à Port-au-Prince, en proie à des incendies volontaires et des pillages pendant tout un week-end. Au moins quatre personnes avaient été tuées.
"Le message de frustration et de colère de la population exprimé au cours de ces trois journées a bien été compris" a déclaré Jean-Henry Céant devant les sénateurs dans la nuit de vendredi à samedi. 
 

Le nouveau gouvernement doit convaincre

Si le Sénat a donc accordé sa confiance au nouveau gouvernement, il doit encore obtenir celle des députés avant de prendre officiellement ses fonctions.
                  
La séance devant la Chambre basse est prévue pour ce samedi après-midi mais cet horaire reste à confirmer, compte tenu de la nuit blanche que les ministres viennent de passer en session au parlement.