Neuf des treize migrants Haïtiens décédés le 7 août dernier dans un accident de la route, en entrant clandestinement en République dominicaine, n'ont pas été réclamés par leurs familles. Les dépouilles se trouvaient toujours, le 18 août, à la morgue de Santiago, à 150 kilomètres au Nord de la capitale, Saint-Domingue. Seuls "quatre corps ont été retirés" par leurs proches, a précisé Francisco Gerdo Rosales, directeur de l'Institut national médico-légal.
Le fait que les familles soient restées muettes s’explique par la "peur" des autorités, selon une Organisation non gouvernementale (ONG).
Le gouvernement dominicain a procédé à une déportation aveugle de 120.000 migrants étrangers, principalement des Haïtiens, rien que l'année dernière.
Joseph Cherubin, président de l'ONG Mouvement socioculturel des travailleurs haïtiens (MOSPA)
Or, la morgue demande une pièce d'identité à la personne qui réclame le corps, "à titre de contrôle et non pour connaître son statut migratoire".
L'identification des Haïtiens est très précaire. Souvent, les gens font le voyage avec très peu de documents.
Joseph Cherubin, président de l'ONG MOSPA
Les corps des victimes de l’accident "seront conservés pendant deux à trois mois, puis enterrés", si personne ne les réclame d'ici-là, a précisé de son côté le responsable de l'Institut national médico-légal.
L'accident s'était produit, quand le véhicule qui les transportait était tombé dans un canal d'irrigation.
Pays parmi les plus pauvres de la planète, Haïti est en proie, depuis des années, à une crise économique et politique aggravée par la violence des gangs. Des milliers de Haïtiens tentent de travailler en République dominicaine, bien plus prospère, avec qui leur pays partage l'île d'Hispaniola. Mais dans ce contexte, Saint-Domingue a durci sa politique en matière d'immigration, multipliant les coups de filet et construisant un mur à sa frontière.