Inquiétude autour de l'indemnisation des victimes du chlordécone aux Antilles

Deux parlementaires guadeloupéens s'inquiètent que le chlordécone et le paraquat, deux pesticides dangereux longtemps utilisés aux Antilles, ne puissent pas être intégrés dans la proposition de loi portant qui vise à créer un fonds d'indemnisation des victimes des produits phytopharmaceutiques.
Les deux sénateurs socialistes de Guadeloupe Victorin Lurel et Victoire Jasmin ont déposé des amendements pour que soient "symboliquement cités dans le champs des produits" le chlordécone, un insecticide cancerogène et perturbateur endocrinien et le paraquat, un herbicide dangereux, qui ont été massivement utilisés aux Antilles avant d'être interdits, et qui préoccupent encore la population par leur caractère nocif à très long terme. Le texte doit être examiné jeudi après-midi par le Sénat dans le cadre de la niche parlementaire du groupe socialiste.

Vers des indemn​isations?
Le rapporteur du texte Bernard Jomier les avait assurés que ces deux produits s'inscrivaient bien dans le champ des produits phytopharmaceutiques et qu'ils seraient donc concernés par le fonds d'indemnisation, a expliqué Victorin Lurel lors d'une conférence de presse mercredi en fin d'après-midi, en compagnie de la député Hélène Vainqueur-Christophe (Nouvelle-gauche), qui réclame elle aussi un fonds d'indemnisation.

"Mais lorsqu'on demande symboliquement que les deux produits soient cités dans le texte, la commission des finances refuse nos amendements (...), car cela serait +une aggravation des charges publiques+", signifiant ainsi qu'ils ne sont pas compris dans les produits phytopharmaceutiques, s'est étonné l'ancien ministre des Outre-mer. Selon lui "le gouvernement ne veut pas ouvrir le chapître" de l'indemnisation au chlordécone.

Graves conséquences sanitaires
Le chlordécone a été utilisé aux Antilles de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Il a été interdit en France en 1990, mais utilisé jusqu'en 1993 par dérogation aux Antilles. Il est depuis toujours présent dans les sols et peut se retrouver notamment dans certaines denrées d'origine végétale ou animale ainsi que dans certains captages d'eau.

Le sujet est revenu au cœur de l'actualité après que l'Agence nationale de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a considéré en décembre que les limites maximales de résidus (LMR, limites autorisées dans les aliments) actuellement en vigueur dans la viande carnée apparaissaient "protectrices", et qu'il n'y avait pas nécessité à les réduire.

Dans un courrier à la ministre de la Santé du 23 janvier, un syndicat de personnel de l'Agence régionale de Santé en Martinique a dénoncé des "pressions" subies par des agents "pour limiter l'information du public au strict minimum", affirmant qu'ils "n'ont eu de cesse d'alerter depuis 2015 sur les conséquences d'un éventuel maintien des LRM à un niveau aussi élevé".

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