Une interdiction de parler créole dans un collège martiniquais suscite un tollé

La nouvelle a provoqué la colère de nombreux Martiniquais. Dans une charte distribuée dans un collège de l'île, une règle interdisait aux élèves de parler créole en classe. Le principal a depuis fait marche arrière. Le créole est parfois mal-aimé dans certaines institutions ou entreprises. 
Une charte distribuée au collège Jacques Roumain, à Rivière-Pilote, la semaine dernière fait grand bruit dans l'île soeur. On peut y lire la phrase suivante : "Vous n’êtes pas autorisé à vous exprimer en créole en classe".
Une règle difficile à comprendre pour les élèves et leurs parents. D'autant plus, que le non respect de cette règle pourrait entraîner une sanction immédiate. 
De son côté, l'enseignant a expliqué cette demande par son incompréhension du créole. Une raison insuffisante pour les parents d'élèves qui ont décidé de se faire entendre par la direction de l'établissement. 

Le reportage de Sophie Lonete et Eddy Bellerose de Martinique 1ère : 
©guadeloupe

(Personnes interrogées : Claude Louis-Mondésir, Parent d'élève - François Lafare, Transporteur scolaire - Dominique Saint-Prix-Bertholo, Inspectrice, chargée de mission enseignement du créole).

Le principal a depuis décidé de supprimer la règle polémique. 

Le créole, langue mal aimée ?

Le créole est parlé dans 4 départements français. Et cette interdiction de la langue, n'est pas une première.
Il fut un temps où l'usage du créole était interdit au sein même des familles antillaises. Le français était la seule langue admise. Considéré comme peu distingué, voire même insultant, de nombreux Guadeloupéens ont grandi, sans parler créole, n'ayant d'autres choix que se cacher pour parler leur langue entre amis, par exemple. 
Plus récemment, en avril 2016, une partie des salariés de la clinique de Choisy, au Gosier s'était mobilisée. Dans un tract, ils dénonçaient la demande faite à un employé par la Direction de ne pas s'exprimer en créole. 

En décembre dernier, c'est dans l'Hexagone que des Ultramarins étaient montés au créneau. Les surveillants de la prison de Fresnes avaient décidé de porter plainte, contre Adeline Hazan, la contrôleuse générale des lieux de privations des libertés, pour "discrimination, incitation à la haine et propos racistes", suite à la publication d'un rapport qu'elle avait rédigé.
La contrôleuse générale des prisons y pointait du doigt l'usage du créole entre les surveillants pénitentiaires à la prison du Val-de-Marne.

A la Réunion, en mai dernier, le secrétaire départemental du Front National à La Réunion, Jean-Claude Otto-Bruc s'était déclaré hostile à l'enseignement de la langue créole dans les écoles de l'île. "Le créole dans la cour de récréation, oui. Le créole dans la rue et à la maison, oui. Mais le créole dans les salles de classe par des professeurs, non ! C'est clair." avait-il affirmé à l'époque. Il avait ensuite ajouté qu'en cas de victoire de Marine Le Pen à la présidentielle, l'enseignement du créole dans les écoles serait supprimé.