La démolition de la façade du cinéma Renaissance : un patrimoine menacé

Vingt ans après avoir fermé ses portes, le cinéma Renaissance est une nouvelle fois à la croisée des chemins. La façade fragilisée par un incendie, l'année dernière, pourrait être détruite pour ensuite être reconstruite à l'identique, mais le bâtiment est classé monument historique.

Dix ans après l'avoir acheté pour 450 000 euros et lui avoir consacré 700 000 euros d'études, Cap Excellence a finalement décidé de procéder à la démolition de l'ancien cinéma Renaissance à Pointe-à-Pitre.

L'appel d'offres a été publié le 5 mai dernier sur un site spécialisé. Pour la communauté d'agglomération, c'est désormais la seule solution possible après l'incendie qui avait ravagé le bâtiment le 25 janvier 2020.

Francesca Faithful, 9ème vice-présidente Cap Excellence

Cap Excellence a, en effet, publié un second appel d'offres le 18 mai pour une mission de maîtrise d'oeuvre pour la reconstruction à l'identique de la façade ouest de l'ancien cinéma. Depuis le 9 janvier 2009, une partie du bâtiment est inscrite au titre des monuments historiques de France.

Tous types de travaux et à plus forte raison, une démolition doivent être auparavant validée par les services de l'Etat. Or, pour l'heure, aucune décision n'a été prise, indique le sous-préfet de Pointe-à-Pitre, en charge du dossier.

Bruno André, sous préfet de Pointe-à-Pitre

Pour autant, ces appels d'offres inquiètent l'association Patrimoine pointois qui dénonce une absence d'informations à destination du grand public. 

David Grégoire, porte-parole de l'association Patrimoine pointois

Inaugurée le 22 mars 1930, la Renaissance accueillait initialement des présentations théâtrales puis des concerts et des projections cinématographiques avant de fermer définitivement ses portes en 2001. 

David Grégoire, porte-parole de l'association Patrimoine pointois

En réalité, la façade de l'ancien cinéma Renaissance pourrait être préservée. Une réunion est prévue le 3 juin prochain entre les services de l'Etat, Cap Excellence et la ville de Pointe-à-Pitre. Réunion autour de laquelle devrait être proposée une consolidation du bâti plutôt que sa démolition.

Malheureusement, d'autres bâtiments pointois n'ont pas eu droit à une seconde chance à l'image du 56 de la rue Achille-René-Boisneuf.

La maison natale de Saint-John Perse, prix nobel de littérature en 1960 a été démolie le 23 septembre 2017. Cette maison, propriété de Cap Excellence était pourtant inscrite, elle aussi, au titre des monuments historiques de France.

Devant l'émoi suscité, le maire, Jacques Bangou, assurait alors dans un communiqué qu'elle serait reconstruite à l'identique et promettait la mise à disposition d'un espace à vocation culturelle. Quatre ans plus tard, il ne reste qu'une dent creuse : une de plus dans une ville pourtant labellisée Art et histoire.