Le bus des mers à l'arrêt forcé continue d'espérer des lendemains meilleurs

Lancée le 7 octobre 2020, la phase d’expérimentation du bus des mers a été vite stoppée par le confinement puis la crise sanitaire. Depuis, les rotations n’ont pas repris, mais l’avenir du projet, à défaut de se jouer en mer, continue de s’écrire avec les collectivités.

Quand elles ne sont pas amarrées à leur ponton, les petites navettes Ouyva et Wapayou du projet bus des mers tournent dans le petit-cul de sac marin. Avec deux marins à bord, elles refont leur circuit habituel, mais à vide. Depuis le 17 mars dernier, aucun passager n’est monté à bord, un vrai coup dur alors que le projet avait été lancé, en grandes pompes, seulement cinq mois auparavant.

Les quelques semaines d’activités avaient révélé des retours très encourageants sur la viabilité du projet, puisque près de 7 500 passagers, Guadeloupéens et touristes, avaient profité de l’expérience le premier mois. Ensuite, l'activité s'était stabilisée autour des 4500 passagers par mois.

Cependant, la petite taille des navettes les rend incompatibles, selon la Région, avec la mise en place du protocole sanitaire en vigueur dans les transports. La reprise des rotations est donc strictement conditionnée à l’évolution de l’épidémie en Guadeloupe.

La maintenance

En attendant le retour des passagers, il faut entretenir les navettes. C’est la préoccupation principale du Syndicat Mixte des Transports (SMT) en charge de la délégation de service public et de la société de transport de l’agglomération centre (STAC). Aussi, une routine de maintenance a été mise en place afin que les équipements soient opérationnels en cas de reprise de l’activité.

Mais ces opérations occasionnent des frais supplémentaires qui ne sont pas compensés par les recettes du transport, ils sont entièrement supportés par le STAC. Le retour de l’activité est donc fortement désiré d’autant que les usagers commençaient à comprendre et apprécier les connexions terre-mer notamment pour la zone de Jarry. Une base encourageante pour le lancement d’autres lignes vers Bergevin, l’université, voire même la Marina qui permettraient aux usagers de se déplacer d’un bout à l’autre de l'agglomération pointoise.

Vers une expansion des lignes ?

Du côté de la Région, l’arrêt du bus des mers ne signe pas l’arrêt du développement du projet. La première phase d’expérimentation à peine terminée… ou commencée, la collectivité travaille déjà à l’expansion des lignes vers d’autres points de l’archipel, dont le Nord Grande-Terre. L’ambition est de désengorger le goulot d’étranglement de Morne-à-l’Eau en proposant aux usagers du Nord de rallier le centre en 20 minutes par la mer avec des bateaux plus gros.

Un projet similaire est à l’étude vers le port de Sainte-Rose. Cependant, quelques obstacles doivent être surmontés avant d’espérer voir arriver ces lignes. Les plus importants sont écologiques et techniques. Le grand cul de Sac Marin est une aire naturelle protégée, bardée de hauts fonds. Les bateaux destinés à ces liaisons devront donc fonctionner à l’énergie propre en plus d’avoir un faible tirant d’eau.

Une CTAP pour tout tirer au clair

L’avenir du bus des mers se jouera aussi lors de la conférence territoriale de l’action publique (CTAP) convoquée le 24 février prochain. La réunion sera dédiée en grande partie au transport et il s’agira de voter une gouvernance unique du transport pour tout le territoire ainsi que l’aménagement d’équipements particuliers amenés à fluidifier le trajet des bus telles que les voies de circulation dédiées. Une manière pour la Région, en charge du transport depuis 2017, d’harmoniser le schéma de transport inter-urbain.