Le Conseil de Sécurité de l'ONU toujours pas prêt à envoyer une force en Haïti

Des policiers armés en patrouille, dans un quartier touché par la violence liée aux gangs, à Port-au-Prince, en Haïti - 25/04/2023.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé vendredi (14 juillet) la communauté internationale à soutenir la police haïtienne, sans pour autant répondre à l'appel pour une force d'intervention internationale face à la violence toujours grandissante des gangs.

La résolution adoptée à l'unanimité "encourage les Etats membres, y compris les Etats de la région, à apporter un soutien en matière de sécurité à la police nationale haïtienne", "y compris par l'intermédiaire du déploiement d'une force spécialisée".

Dans cette optique, les 15 membres du Conseil demandent au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres de présenter d'ici 30 jours un rapport sur les "options" possibles pour améliorer la sécurité, évoquant notamment la lutte contre le trafic d'armes, la formation de la police, et "le soutien pour une force multinationale non onusienne ou une possible opération de maintien de la paix".

Antonio Guterres avait relayé en octobre l'appel du gouvernement haïtien demandant une force d'intervention internationale pour épauler la police dépassée face à la violence des gangs qui terrorisent la population.

Tireurs embusqués sur les toits, meurtres, enlèvements, viols des femmes et des filles, pillages, milliers de personnes déplacées... : le dernier rapport du secrétaire général publié vendredi décrit l'ampleur de cette violence "qui a continué à s'intensifier et à se propager".

Entre janvier et juin, les homicides ont augmenté de 67,5 % par rapport au second semestre 2022 (2 094 homicides enregistrés contre 1.250), selon le document qui évoque certaines victimes décapitées.

Et face à l'incapacité de la police à agir, les habitants ont commencé à faire justice eux-mêmes, avec l'émergence du mouvement d'autodéfense "Bwa Kale" qui s'est propagé à tous les départements.
Plus de 224 membres présumés de gangs ont été tués par des groupes d'autodéfense, parfois lapidés, mutilés, "brûlés vifs au milieu de la rue devant la police", selon le rapport.

Malgré la situation, l'appel à envoyer une force est toujours sans réponse. Si quelques pays ont indiqué être prêts à participer, aucun ne s'est porté volontaire pour prendre la tête d'une telle opération dans un pays échaudé par de multiples interventions étrangères.

"La population attend une décision concrète relative au déploiement d'une force internationale, tel n'a pas été le cas, et la déception doit être grande", a réagi l'ambassadeur haïtien Antonio Rodrigue.