"Il est très difficile d'estimer totalement le nombre" de chiens errants explique Miguel Soussaintjean, directeur de la fourrière de l'île, qui travaille par convention avec les collectivités à la réduction du nombre de chiens. Mais les chiens errants font partie du paysage sur les routes.
2 000 chiens quittent l'archipel chaque année pour être adoptés
En Guadeloupe, une vingtaine d'associations actives récupèrent des chiens ou des chats, dits errants, pour les faire adopter en France hexagonale. Les réseaux sociaux sont un des vecteurs d'adoption de ces chiots plus facilement adoptables que des animaux adultes.
Chaque mois, des centaines d'animaux partent en fret, via les principales compagnies aériennes qui desservent l'île. "L'association fait partir environ 2 000 chiens par an pour être adoptés par des familles de l'Hexagone", confirme Cécile Vaisse, présidente du Collectif Outre-mer de Protection Animale Guadeloupe et Dépendance (CopaG). "En local, il n'y a pas assez de prétendants à l'adoption", même pour les chiots note Rachel Leblon, fondatrice de l'association Les Truffes du Soleil, qui fait partir chaque mois "30 à 50 animaux".
Des conventions entre associations et vétérinaires pour le suivi des animaux
Les associations fonctionnent en réseau, avec des relais dans l'Hexagone, selon une mécanique bien huilée : les animaux récupérés en Guadeloupe reçoivent les premiers soins localement et sont identifiés pour pouvoir être adoptés, grâce à des conventions entre les associations locales et certains vétérinaires.
Les familles adoptantes s'engagent par contrat, avec un chèque de caution, à faire stériliser l'animal une fois arrivé à l'âge requis. Elles remboursent les frais vétérinaires engagés par l'association, ainsi que le prix du fret calculé "au poids, à raison d'environ 3,50 euros par kilo, plus les frais de retour de fret de la cage", détaille Cécile Vaisse.
Selon Air Caraïbes, la compagnie la plus utilisée par les associations, ces envois représentent 37 tonnes annuelles, en moyenne.
La population de flamands roses du jardin de Valombreuse décimée par une meute de chiens errants
Une situation "aberrante" pour la fondation Brigitte Bardot, qui rappelle que la France est le pays européen qui abandonne le plus grand nombre d'animaux, qui finissent souvent euthanasiés. Et ces envois aériens ne résolvent pas le problème de la prolifération sur place.
La fondation a entamé un audit dans les territoires ultramarins. "Le but est d'avoir des données pour envisager les politiques de stérilisations à grande échelle", seule solution, prônée par tous, pour engager "un plan global de gestion des animaux errants", rappelle Christophe Marie, le porte-parole de la fondation. "C'est une question de salubrité publique, de sécurité publique et aussi de préservation de la biodiversité locale : les animaux errants font des ravages".
Si les agriculteurs voient régulièrement leurs troupeaux attaqués par des meutes de chiens, il y a quelques semaines, le jardin de Valombreuse, un domaine privé paradis de la faune et de la flore, a perdu ses flamands roses des Caraïbes, une espèce protégée, décimés par une meute de chiens, que nombre d'initiés attribuent à des animaux de propriétaires, laissés à la divagation.
500 naissances de chiens et chats par jour en Guadeloupe
Dans le cadre du plan France Relance, une enveloppe de 250 000 euros a été allouée pour des projets de stérilisation d'animaux, payés à 50% par l'Etat.
"Une paille", selon plusieurs associations, qui indiquent que "cela va aider seulement les particuliers à faire stériliser leur animal, mais ce n'est qu'une partie du problème".
La loi sur l'identification obligatoire des animaux est mal appliquée, car elle implique une responsabilité juridique si l'animal crée un problème. Et de nombreux chiens errants ont en fait des maîtres qui les laissent vagabonder.
De plus, "sur les foyers de nourrissages, des gens viennent nourrir des animaux errants en plusieurs points de l'île, mais sans en assurer l'identification, cela favorise la prolifération", explique Miguel Soussaintjean. "Entre le début des années 2000 et aujourd'hui, on a réduit le cheptel de la Gabarre (plus grosse décharge publique de Guadeloupe, ndlr) de 15 000 à 8 500", estime-t-il, alors que le nombre de naissances par jour est estimé à plus de 500 (chiens et chats confondus) sur l'île.