Quand on interroge les fidèles de toutes les paroisses où il est passé, beaucoup se souviennent de sa rigueur mais tous se rappellent combien ils avaient été marqués par ses homélies.
C'est que le Père Yves Gillot aimait ciseler ses homélies. Il voulait qu'elles disent quelque chose de profond à ceux qui les entendaient, ils voulaient que le message qu'elles portaient s'incruste en eux comme un diamant sur un anneau. Parce que sa mission était d'abord d'évangéliser.
Pourtant, malgré une écriture déterminée et enrichie, il n'aimait pas improviser ses mots. Tout devait être écrit. Un héritage de ses années de séminaire où on lui avait reproché ses créolismes, au point de le faire s'abstenir de toute homélie en créole lors de ses messes. Parce que derrière une approche volontiers volubile se cachait un homme d'une grande timidité.
Condisciple, à quelques années près d'Yves Gillot au séminaire, Jean Hamot l'aura vu évoluer durant toutes ses années. Il en garde de nombreux souvenirs.
De cette timidité, Jocelyn Ismaël en aura été un témoin privilégié. Ayant côtoyé l'homme durant 44 ans, il se souvient de leur première rencontre et de sa manière de prendre des décisions avec autorité.
Actuel curé de la paroisse Saint Pierre et Saint Paul de Pointe-à-Pître, le Père Edouard Silène se souvient de celui qui était à l'origine de sa vocation. Curé de la paroisse de Pointe-Noire, le Père Yves Gillot avait remarqué ce jeune et lui avait dit un jour : "Ne voudrais-tu pas être prêtre ? Tu devrais y réfléchir." Lui se voyait infirmier. Il s'est d'ailleurs formé pour l'être mais la vocation l'a vite rattrapé l'incitant alors à donner une suite positive à cette suggestion qui lui avait été faite.
Lui, comme d'autres, a bénéficié de ce regard bienveillant qu'Yves Gillot savait poser sur chacun. Et quand il y repense, Jocelyn Ismaël soupire :
L'image que j'ai de lui, c'est un iceberg, c'est à dire quelqu'un dont on connait la partie visible mais il y a toute une partie qu'on ne connait pas. J'ai eu la chance de voyager avec lui et là il prenait un temps fou à me raconter toute sa vie. Et c'est un homme qui a fait beaucoup pour les gens en Guadeloupe. Le seul dommage et c'était sa souffrance, c'est qu'il n'y avait aucune reconnaissance de la part de la plupart de ces personnes. Beaucoup sont devenus des grands hommes mais ne sont jamais revenus le remercier.
Jocelyn Ismaël, ami du Père Yves Gillot
Et comme il aimait raconter et se raconter, il a tenu à écrire lui-même ses mémoires sur ses 60 ans de sacerdoce. Il les a racontées dans un ouvrage publié en 2022 et qui entretiendra encore longtemps son souvenir pour ceux qui le connaissaient ou qui permettront à d'autres de découvrir le grand homme qu'il était lui aussi.
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