Depuis le 1er janvier 2024, les jeunes français peuvent obtenir leur permis de conduire dès l’âge de 17 ans, contre 18 ans auparavant ; c'est l'une des nouveautés de 2024. L’objectif recherché par le gouvernement est de favoriser l’autonomie et l’accès à l’emploi des jeunes dès 17 ans.
Nous avons cherché à comprendre les répercussions de cette mesure, sur le terrain, en Guadeloupe. En effet, plusieurs questions se posent.
Les autos-écoles auront-elles la capacité d’accueillir et d’accompagner la clientèle supplémentaire qui se présentera ? Et y aura-t-il suffisamment de créneaux proposés par les inspecteurs, pour l’examen final ?
On aura de plus en plus de jeunes qui vont vouloir s’inscrire. D’ailleurs, avant cette loi, beaucoup nous ont appelés pour avoir des explications sur ce fameux dispositif.
Pakita Bolbec, directrice d’un centre de formation à la conduite
Il y aura beaucoup de demandes. Mais est-ce qu’il y aura suffisamment d’inspecteurs pour répondre aux demandes de tous les élèves qui se présenteront à l’examen ? Il faudrait qu’on ait 5 à 6 inspecteurs supplémentaires.
Jérôme Chouni, délégué adjoint de l’Union nationale des indépendants de la conduite syndicat (UNIC)
Pour faire face à cette réalité, le gouvernement prévoit de recruter une centaine d’inspecteurs, cette année, pour l’ensemble du territoire national.
Par ailleurs, le niveau d’accidentalité, dans l’archipel, préoccupe beaucoup, d’autant plus que les jeunes paient un lourd tribut. Dans ce contexte, on peut se demander si les mineurs ont la maturité nécessaire pour prendre conscience de la responsabilité que représente le fait de conduire un véhicule sur la voie publique.
Ils avaient déjà la possibilité, pour ceux qui avaient déjà un an de conduite accompagnée, de passer le permis à 17 ans, sauf qu’ils ne pouvaient pas encore conduire seuls avant leurs 18 ans. Il s’agit de continuer à mettre l’accent sur la responsabilité des jeunes, bien leur montrer que leurs actes ont des conséquences pour eux, mais aussi pour les autres autour d’eux.
Jérôme Urbino, enseignant de la conduite et de la sécurité routière
Par ailleurs, en cas d’infraction ou d’accident, la minorité du conducteur sera-t-elle considérée ?
À 17 ans, les assurances vont-elles couvrir ces jeunes qui seront seuls sur la route ? Que disent les textes et la réglementation. Là-dessus, on n’en sait pas plus, il y a un petit flou. La deuxième chose c’est qu’un jeune, à 17 ans, même s’il est pénalement responsable, civilement il n’est pas responsable, il n’est pas encore majeur. Donc est-ce que les parents n’encourent pas un certain nombre de choses par rapport à cela ?
Stéphane Kancel, président du syndicat patronal des autos-écoles de Guadeloupe
En tout cas, les principaux intéressés sont ravis de cette évolution, même si certains n’envisagent pas de brûler les étapes.
Je le passerai à 17 ans, mais je prendrai quand même mon temps, j’attendrai un petit peu. C’est un plus, mais ça reste quand même quelque chose de dangereux et je pense que certaines personnes n’ont pas conscience qu’une voiture ce n’est pas un jouet.
Jémaëll Largitte, 16 ans, en formation de conduite accompagnée
Je trouve ça bien, puisque ça nous rend beaucoup plus responsables et autonomes. Ça peut nous aider dans le futur
Youry Laquitaine-Bagassien, 16 ans, candidat au permis de conduire
POUR ALLER PLUS LOIN/
Stéphane Kancel, président du syndicat patronal des autos-écoles de Guadeloupe et chargé de mission sécurité routière, était l’invité de Ludivine Guiolet, dans le journal "Guadeloupe Soir" du 3 janvier 2024. Sa réponse est mitigée à la question : le permis à 17 ans, bonne ou mauvaise idée ?
REPORTAGE/
Reporteur : Mickaël Bastide
Reporteur d’images : Jean-Marie Mavounzy
Monteur Sébastien Marchais
Mixeur : Teddy Artis