Les autorités haïtiennes ont annoncé le report d'un mois de la rentrée des classes sur fond d'une crise économique qui a fait flamber les prix, notamment des fournitures scolaires, et d'une pénurie de carburant. La rentrée a donc été fixée au lundi 3 octobre, au lieu du 5 septembre, initialement.
Qualifiée de "démagogique", la décision du ministère de l'Education nationale ne passe pas auprès des membres de l'Action syndicale des enseignants d'Haïti (ASEHA)qui redoutent que ce report ait de "lourdes incidences sur l’apprentissage des apprenants".
Le texte ne donne aucune raison à ce report, mais le ministère y affirme qu'un nouveau calendrier scolaire sera rendu public et que le nombre de jours de classe règlementaires sera respecté.
Pourtant, selon certains médias haïtiens, le ministère aurait avancé les difficultés financières et sociales de nombreux parents comme raison à ce report.
Ces dernières semaines, beaucoup se demandaient si la rentrée pourrait avoir lieu à la date prévue en raison de l'insécurité, de l'inflation et de la pénurie de carburant, qui complique les déplacements.
Au mois de juillet 2022, le taux d'inflation a atteint 29%, selon les données de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique (IHSI). En conséquence, les prix des produits de première nécessité ne cessent de grimper, tout comme ceux des fournitures scolaires.
L'ASEHA craint un nivellement par le bas du cursus des élèves et parle notamment de la compétitivité à l'échelle internationale qui s'amoindrit.
Le syndicat va plus loin en évoquant la possibilité d'abandon et un taux d'échec scolaire plus important.
Ses membres estiment que le report ne permettra pas davantage aux parents d'élèves d'être "prêts", le mois prochain. D'où l'idée que le gouvernement pourrait offrir du matériel et des fournitures scolaires.
Si la décision du ministère de l'Education était attendue par beaucoup, de son côté, le coordonnateur de l'Union nationale des normaliens et éducateurs d'Haïti, Kenson Délice, a déploré que les autorités n'aient pas annoncé de mesures pour permettre une rentrée des classes dans de meilleures conditions d'ici un mois.
"Le gouvernement se contente d'annoncer le report de la rentrée des classes sans dire ce qu'il entend faire pour soulager la misère de la population, résoudre le problème de l'insécurité et rendre disponible le carburant", a-t-il dénoncé.
Haïti est également englué dans une crise politique depuis plusieurs années et l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 a profondément aggravé la situation. Les gangs jouissent en outre d'une large impunité et les violences se sont multipliées ces dernières années.