Depuis le lancement du mouvment syndical qui affecte la Guadeloupe depuis le 15 novembre 2021, les prises de positions politiques se succèdent. Pour les élus, il s'agit désormais de trouver une voie moyenne pour ménager la chèvre et le chou.
En l'occurence, beaucoup de ces prises de position invitent le gouvernement à tenir compte d'une spécificité guadeloupéenne voire antillaise face à la crise. Pour la plupart, ils font remarquer la fragilité du tissu sanitaire guadeloupéen en soulignant combien l'application, en l'état, de l'obligation vaccinale et du pass-sanitaire, fragiliserait encore plus les moyens sanitaires de la Guadeloupe : de manière directe en privant les établissements sanitaires des personnels de ce fait suspendus, et de l'autre, en privant ces personnels de revenus et avec eux, plusieurs familles guadeloupéennes.
Une position particulièrement soutenue par le sénateur Dominique Théophile et le député Olivier Serva qui, lui, va jusqu'à demander une adaptation de la loi pour les Antilles et singulièrement la Guadeloupe, en oubliant les impossibilités en la matière.
Voir le reportage d'Eric Rayapin :
Allant plus loin que ces demandes d'adaptation, le président de la Région Guadeloupe sur les antennes de France Info à Paris va jusqu'à estimer que l'Etat a abandonné les Antilles et singulièrement la Guadeloupe.
En la matière, Ary Chalus passe sous silence la concertation entretenue par la Préfecture et l'ARS qui réunissent systématiquement le comité de suivi auquel les élus sont invités afin d'élaborer avec eux les stratégies annoncées ensuite par le représentant de l'Etat.
Entre parenthèse aussi les opérations d'évacuations sanitaires mises en place au plus fort de la 4ème vague qui a dramatiquement touché la Guadeloupe mais aussi l'envoi de soignants de l'Hexagone pour suppléer, ou renforcer les moyens humains et matériels des établissements de santé de l'archipel et des collectivités de Saint Martin et de Saint Barthélémy et de la Martinique.
Voir Hippocampe 10 : Une évacuation sanitaire vue de l'intérieur
et Covid-19 : du renfort médical et une visite de Sébastien Lecornu
Oubliées aussi les signatures de conventions entre sa collectivité et l'Etat pour renforcer les aides économiques, dont la dernière, pour venir en aide au secteur des arts et spectacles.
Voir : L'Etat et la Région structurent leurs aides en faveur du secteur culturel
Des éléments que le ministre de la santé, Olivier Véran, interpellé par la sénatrice de Saint Martin, Annick Pétrus, n'a pas manqué de rappeler.
Olivier Véran Ministre de la Santé
Et il n'aura pas été le seul à le faire. Adversaire désigné d'Ary Chalus, son prédécesseur à la Région, Victorin Lurel, s'est exprimé sur Twitter en invitant même le gouvernement à maintenir son cap.
@olivierveran, au @Senat, ne pas cède pas sur l’obligation vaccinale pour certaines professions et le pass sanitaire pour la #Gpe et #Saint-Martin. Il a raison et je soutiens cette détermination. Dans cette crise, au-delà des erreurs, l’Etat n’a pas abandonné les OM et la #Gpe.
— Victorin LUREL (@VictorinLurel) November 17, 2021
Victorin Lurel qui rappelle son engagement sans nuance en faveur de la vaccination depuis le mois de janvier 2021
Depuis janv 2021 je milite pour la vaccination et pour sauver des vies . J’aurais pu me taire et me réfugier ds 1 lâche silence après les menaces c/ ma famille, les insultes racistes c/ ma personne,les ingérences ds ma vie.Suis même expulsé du peuple gpéen.
— Victorin LUREL (@VictorinLurel) November 18, 2021
La Vérité et la Vie.
Comme lui, le président du GUSR Guy Losbar s'était lui aussi exprimé très tôt en faveur de la vaccination et avait alors invité la population à se faire vacciner. Face aux contestations syndicales, Guy Losbar préfère plaider, comme il le fait depuis longtemps, pour la localisation des pouvoirs.
Une mesure qui permettra peut-être aux élus guadeloupéens d'assumer pleinement les responsabilités qui seraient les leurs alors, plutôt que de donner l'impression de réagir selon leurs intérêts politiques. Peut-être d'ailleurs la seule chose que les Guadeloupéens attendent eux, surtout en cette période.
Patricia Braflan-Trobo, sociologue