Les fleuristes de Guadeloupe peinent à se faire livrer le muguet, cette année

Le brin de muguet risque, cette année, de se faire rare, chez les fleuristes de Guadeloupe. En cause, la réduction du volume de fret par les transporteurs aériens, en ces temps de pandémie, les coûts à la hausse de l'importation et les délais d'acheminement, pour une si délicate et fragile fleur.

Comme chaque année, la fleuriste Micheline Elphenor a reçu une affiche, annonçant la journée du Muguet. "Un brin de bonheur" est-il écrit dessus. Mais le poster est resté dans sa boite, cette année.

La perspective d'une nouvelle baisse de chiffre d'affaire

Dans le contexte actuel de pandémie et de réduction du volume de transport de fret, il est difficile de savoir si le muguet, cette fleur délicate que l'on offre traditionnellement le 1er mai, arrivera à temps en Guadeloupe.
La professionnelle n'a donc pas changé la devanture de sa boutique.

Micheline Elphenor, qui est aussi la présidente de l'Organisation professionnelle des artisans fleuristes de Guadeloupe, n'est pas optimiste, mais espère tout de même être au rendez-vous de cette période clé de l'année, pour la profession. Seulement voilà : elle et ses confrères ne maîtrisent pas la partie arrivage de leurs marchandises.

L'acheminement des fleurs, pour nous fleuristes, ce n'est pas facile (...).

Le gros problème, c'est que nous sommes malheureusement tributaires des compagnies aériennes.

Micheline Elphenor, fleuriste et présidente de l'OPAFG

©Laetitia Broulhet et Olivier Duflo - Guadeloupe La 1ère

Renoncer au muguet, pour certains professionnels, c'est renoncer à une valeur sûre du mois de mai. Cela équivaudrait donc à renoncer à une partie du chiffre d'affaire annuel, alors que les entreprises concernées pâtissent déjà de la crise sanitaire.

Un investissement risqué

D'autres, au contraire, prennent le problème dans l'autre sens. L'incertitude qui règne autour de la possibilité d'un confinement, dans les jours qui viennent, les invite à la prudence.

Pour la grossiste Armelle Pommez, commander coûte que coûte, c'est peut-être aussi investir pour rien. La situation ne l'a donc pas encouragée à passer commande. Son choix de faire l'impasse sur le muguet a été mûrement réfléchi, après calcul des circonstances et des coûts, mais aussi au regard des difficultés pour importer les fleurs. En effet, avant d'arriver dans nos vases, les fleurs font un long voyage, fait d'escales diverses, comme nous l'explique Armelle Pommez :

©Laetitia Broulhet et Olivier Duflo - Guadeloupe La 1ère

Autre réalité à prendre en considération : le muguet est réputé fragile. Il ne supporte pas les trop longs voyages et les différences de températures. Il pourrait donc être fané le jour J. 

Quand j'ai eu mon fournisseur, il m'a dit que le muguet était très avancé et avec le changement de température qu'il y a eu en plus, il m'a conseillé de prendre des pots. Mais naturellement, c'est plus lourd. Le fret est cher. Donc, ce n'est pas possible. Il sera invendable ! Donc j'ai fait l'impasse. Ça nous fait des pertes. Mais on ne peut pas faire autrement.

Armelle Pommez, fleuriste, grossiste

Armelle Pommez estime à 8000 euros de perte son choix de renoncer au muguet, pour 2021.

Bien chanceux et privilégiés seront les Guadeloupéens qui pourront se procurer cette petite clochette, symbole de pureté, de joie, de vie, de fragilité, de discrétion et de bonheur !