Les nombreux aspects autour du manque d'eau, chronique ou provoqué, qui sévit en Guadeloupe

Ce samedi est un jour de plus où de nombreuses familles de l'Archipel doivent vivre sans eau qui coule à leur robinet. Acte de malveillance ou difficultés chroniques du réseau de distribution, les pouvoirs publics ne veulent pas en rester là et la justice a été saisie pour déterminer les responsabilités en la matière. Sur le terrain, on est encore loin d'avoir trouver des solutions à tous les problèmes qui se posent même si, par endroits, des solutions sont trouvées pour réparer ou pallier.

En premier lieu, dès ce vendredi 22 mars, le Préfet de Région a tenu à dresser lui-même un bilan de la situation telle qu'elle se présentait à ce moment-là. :

©Guadeloupe

Et ce samedi, en fin de matinée, la Préfecture a revu ce bilan afin de donner une photographie précise de la situation :

Grace aux actions en cours l'eau est en cours de rétablissement dans les communes de Terre-de-Haut, Terre-de-Bas, Capesterre-Belle-Eau, Trois-Rivières et Petit-Bourg. Les communes des Abymes, Le Gosier et de Baie-Mahault sont toujours impactées par la coupure d’eau due à des dégradations. Des travaux sont en cours sur la canalisation principale. Des palettes d'eau sont en cours de distribution par le SMGEAG dans les communes des Abymes et du Gosier

Préfecture de Guadeloupe

Les choses devraient donc aller plus loin puisque Xavier Sicot et Caroline Calbo, respectivement Procureurs de la République de Basse-Terre et de Pointe-à-Pître, ont publié ce samedi un communiqué commun dans lequel ils précisent ensemble que :

Ces actes ont également mis en difficulté le fonctionnement de plusieurs établissements de santé, dont le CHU. Les brigades de gendarmerie territorialement compétentes ont été saisies des enquêtes judiciaires, ouvertes pour destructions aggravées et mise en danger de la vie d’autrui. Le 23 mars 2024

Xavier Sicot Caroline Calbo Procureur de la République de Basse-Terre Procureure de la République Pointe-à-Pitre

De toutes parts et particulièrement dans les filières professionnelles particulièrement impactées par cette absence d'eau, des voix s'élèvent pour dénoncer cet état de fait. Ainsi, les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ont exprimé hier leurs inquiétudes. Dans un communiqué, Yves Brossard le président du syndicat UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) de la Guadeloupe réclame de toute urgence un retour à la normale.

« l’urgence d’un retour à la situation ‘’habituelle’’, déjà peu satisfaisante, se chiffre en heures en pas en jours ... paralyser la société guadeloupéenne et les entreprises guadeloupéennes, c’est handicaper l’avenir de la Guadeloupe »

Yves Brossard le président du syndicat UMIH (Union des Métiers  et des Industries de l’Hôtellerie) de la Guadeloupe

Yves Brossard estime d'ailleurs qu’il faut penser à une indemnisation raisonnable des acteurs des industries touristiques.

De son côté, Dominique Virasamy président du SNEG s'élève fermement devant la férocité de la grève au SMGEAG.

Nous demandons aux grévistes de faire un geste envers les usagers et surtout les chefs d'entreprises, dont le chiffre d'affaires est largement impacté. Nous rappelons que si les hôtels disposent de citernes, les gîtes et les bungalow appartiennent aux guadeloupéens et beaucoup n'ont pas investi dans ce système de récupération d'eau. Pour ces motifs nous demandons aux grévistes d'alterner la grève avec un jour de distribution d'eau pour au moins alimenter les waters qui risquent de générer des conséquences sanitaires, faire la vaisselle, et faire des réserves. Nous réclamons un service minimum de distribution d'eau.

Dominique Virassamy président du SNEG

Usine de traitement de l'eau "Belle Eau Cadeau" vue du ciel.

Politiquement, certains élus font entendre leurs voix eux aussi. C'est le cas du député Christian Baptiste qui en appelle à un engagement politique sur cette question de l'eau :

Face au défis et problématiques, nous élus et acteurs de la vie politique du pays devons nous engager à toujours chercher des mesures audacieuses et concertées pour garantir une gestion responsable et équitable de nous ressources en eau. Cela implique la mise en place de politiques efficaces de préservation et de gestion, ainsi que des inverstissements dans les i=nfrastructures modernes et durables

Christian Baptiste, député de la Guadeloupe

Rappelons d'ailleurs que ces difficultés interviennent alors que la députée Mathilde Panot et l'Eurodéputée Manon Aubry, toutes deux membres de la France Insoumise, sont en ce moment en Guadeloupe pour, précisément, s'exprimer, entre autres dossiers, sur la question de l'eau en Guadeloupe.