Celui que nous avons rencontré (et dont nous tairons l'identité) est en pleine réflexion, lui aussi, quant au fait de quitter ou non le CHU et la Guadeloupe. Ses conditions d'exercice, la vision de certains collègues qui arrivent et qui n'ont même pas de bureaux pour travailler et puis qui finissent pas repartir, tout cela a fini par l'interpeller.
Il faut parler mais de manière consensuelle
Pas de gaité de coeur d'ailleurs. Les patients, on s'y attache. Et puis, malgré tout, l'incendie a fait naître des solidarités de fait qui finissent par peser dans la balance. On ne veut rien dire qui pourrait nuire à l'établissement. Mais l'exaspération est aussi là :Des solutions, notre interlocuteur en voit peu et, en tout cas, non applicables à court ou moyen terme, tant le contexte est difficile et même, bloquéIl est difficile de prendre la parole de façon consensuelle pour tous les médecins, car tous ne ressentent pas les mêmes précarités dans leur pratique quotidienne, même si certaines difficultés sont parfois communes (accès et disponibilité du plateau technique, aux blocs opératoire, etc...
On est tributaires des instances : direction du CHU, ARS, directions ministérielles (outremers et santé) et présidentielles... faillites des dépenses de santé et du coût des travaux...
"On subit mais on travaille..."
Mais alors, pourquoi cette grogne ne transparaît-elle pas au grand jour ? Notre interlocuteur a la réponse, en tout cas, selon son propre vécu :A sa manière, le Professeur Suzy Duflo ne dira pas le contraire, même si elle en tire une toute autre conclusion :un des problèmes : les médecins sont trop "faisants" (il faut bien s'occuper des malades !!); on courbe l'échine, on subit, mais on travaille...et ensuite burn out, arrêt de travail, et surtout mutations : la démographie médicale du CHU, du CHBT et en libéral est en fuite !
Ce que confirme la direction du CHU qui souligne que, après une période de troubles et d'incertitudes après l'incendie et durant la nouvelle répartition géographique, lors du dernier mouvement des internes, la Guadeloupe n'a pas été boudée. Mieux, elle a reçu tous ceux qu'elle était en droit d'escompterdes praticiens sont et restent motivés, des recrutements sont en cours afin d'améliorer l'offre de soins proposée sur le territoire.
Perspectives : Entre le sombre et les nuances...
Quant à l'avenir et la perspective du nouvel hôpital de Perrin aux Abymes, loin d'être alarmiste, notre interlocuteur veut espérer que le CHU surmontera ses difficultés conjoncturelles pour que Perrin soit une vraie chance pour la Guadeloupe.Un sentiment partagé par le professeur Duflo qui veut y croire. Malgré et malgré, il faudra continuer de faire pour le mieux...