Une décision purement médicale
Interrogée en juin dernier, sur France 3, la ministre de la santé Agnès Buzyn, a affirmé que cette mesure n’était pas motivée par des raisons budgétaires. Suivant le rapport de la Haute Autorité de Santé, ces médicaments, considérés comme "néfastes et entraînant beaucoup d'effets secondaires, avec des fractures, des chutes", nuiraient aux personnes atteintes de la maladie. Le déremboursement servirait à pousser les malades à ne plus utiliser ces traitements et donc à les protéger.
Selon la ministre, la somme économisée "sera dédiée aux équipes qui prennent en charge les malades d'Alzheimer : ça n'est pas une économie pour la Sécurité sociale, c'est un transfert vers des compétences humaines".
L’incompréhension des professionnels de santé et des associations de malades
La décision de déremboursement a été actée, sans prendre en compte l’avis des professionnels de santés (sociétés savantes et organisations professionnelles médicales), lesquels jugent cette mesure "délétère pour les patients et leur entourage" et assurent que ces médicaments "ont prouvé leur efficacité sur la cognition dans la maladie d'Alzheimer, la maladie à corps de Lewy et la démence de la maladie de Parkinson".
À l'inverse des spécialistes, le Collège de médecine générale (CMG) a soutenu la décision de dérembourser des médicaments "inutiles et à risques", affirmant cependant qu’ils resteront " vigilants quant au déploiement des thérapeutiques non-médicamenteuses" (kinésithérapie, stimulations cognitives et sensorielles des patients, soutien aux aidants, etc...).
L’association France Alzheimer avait également fait part de sa colère et de son incompréhension, jugeant cette décision "infondée et dangereuse".
Dans un communiqué, elle écrit: "Il semblerait (...) que dans la balance économique, la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches ne pèse pas très lourd". Elle a aussi dénoncé qu’ "Au-delà de la question de l'efficacité, la prescription des médicaments participait grandement à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient".
Un avis qui date de 2016
Pour rappel, en octobre 2016, la commission de transparence de la HAS, qui évalue les traitements en vue de leur remboursement, avait jugé que ces médicaments avaient "un intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge". Elle pointait aussi "l'existence d'effets indésirables potentiellement graves".
Cependant, lorsqu'elle était ministre sous le précédent quinquennat, Marisol Touraine s'était refusée à suivre cet avis, face à l'inquiétude d'associations de malades.