Les tensions, dans l'enceinte du Centre hospitalier universitaire (CHU) de la Guadeloupe, vont crescendo. Alors que l'Union des travailleurs de la santé (UTS-UGTG) est toujours mobilisée, contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire, les autres usagers et la direction du site se plaignent d'entraves, de dégradations, ou encore de menaces. Un climat qui ne profite à personne : ni aux grévistes, ni aux personnels en activité et encore moins aux patients.
C'est dans ce contexte qu'hier Gérard Cotellon, a annoncé que les suspensions de contrats des salariés non encore vaccinés commenceront, à compter de lundi 11 octobre 2021.
L'impact de la crise sociale au CHU
Sur place, l'accès aux parkings est entravé, par des branchages, du matériel médical (dont de couteux lits médicalisés) ou encore des rebus divers. De l'huile de vidange a été déversée dans des locaux, dont le siège des ressources humaines. Les serrures de plusieurs bureaux ont été obstruées par de la colle. Des dégradations sur des véhicules sont à déplorer.
Autant d'actes que la direction de l'hôpital n'enten pas laisser passer :
A chaque fois que des menaces de mort, à chaque fois qu'une agression, à chaque fois que des actes de malveillance sont commis (...) une plainte est déposée, un constat d'huissier vient.
Personnels et patients pâtissent de cette situation :
Ce n'est pas pratique, pour les personnels qui travaillent la nuit, qui sont obligés de faire des parcours à pied plus longs. Ca gène le fonctionnement quotidien de l'hôpital.
Une Cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) avait été mise en place, pour libérer la parole des personnels, dans le cadre de la difficile mission qui leur incombait, lors de la quatrième vague meurtrière de Covid-19. Elle est toujours activée et ouverte à ceux qui souffrent des tensions actuelles.
L'UGTG entend rendre coup pour coup
De leur côté, les responsables de l'Union des travailleurs de la santé (UTS-UGTG) ne s'émeuvent pas des dégradations causées... au contraire. Les personnels opposés à l'obligation vaccinale estiment que la loi qui instaure cette mesure est injuste et liberticide. La contestation est, donc, selon le syndicat, à la hauteur de l' "attaque" dont ils sont l'objet, alors que leurs salaires et leurs emploi sont en jeu.
Ou sav, adan on grèv, tout est possible. A partir du moman kè nou ka situé nou an danjé, an violans, é an envalidasyon total a métyé an nou, a fonksyoneman an nou, ou ka tou konprann ke nou ké réaji ! Nou pé pa ka pran kou, é pa rémèt. Nou pé pa ka pran kou, é pa pléré, é pa kryé. Yo té plis enmé, éfèktivman, kè trankilman, dousinman, ke yo fou nou dèwò é nou pa di ayen. Non, sa pa posib. Sa pa posib é dirèksyon-la sav sa trè byen. Nou péké maché adan sa.
[Traduction du créole] Vous savez que dans une grève, tout est possible. A partir du moment où nous sommes en danger, confrontés à la violence et dans une situation d'invalidation totale de notre vision de notre métier et de notre fonctionnement, nous réagissons ! Nous ne pouvons pas prendre des coups et ne pas les remettre. Nous ne pouvons pas prendre des coups et ne pas pleurer et pas crier. Ils auraient préféré, effectivement, que tranquillement, on les laisse nous mettre à la porte, sans rien dire. Non, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible et la direction le sait très bien. On ne se laissera pas faire.
Gaby Clavier, secrétaire de la section CHU de l'UTS-UGTG, s'étonne aussi de l'intérêt pour le bien-être des salariés, exprimé par la direction de l'hôpital, aujourd'hui, après des années de dysfonctionnements, dus au manque de moyens humains et matériels ; une situation maintes fois évoquée en Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), de longue date, affirme-t-il. Les recommandations faites par l'organisation représentative des salariés, sur les "questions de fonds" n'ont pas été entendues, regrette le responsable syndical.
Lundi 11 octobre, les premiers salariés non vaccinés du CHU vont voir leur contrat de travail suspendu. De nouvelles perturbations sont à craindre, dans cette perspective.