Pawòl Djòk : Fleurs, famille, passion... L'histoire de Sylvie Stewart, la plus ancienne fleuriste de Pointe-à-Pitre

Pawol Djok : Mamie Sylvie, une vie avec des fleurs ©Eddy M. Golabkan / Jean-Marie Mavounzy
C'est la plus ancienne fleuriste de Pointe-à-Pitre. Elle a aujourd'hui 85 ans et exerce ce métier passion depuis 62 ans. Sylvie Stewart. C'est grâce à ses fleurs qu'elle a pu subvenir aux besoins de ses 17 enfants. En 2003, elle devient "Super mamie" de Guadeloupe, avant de remporter le titre national.

"Je suis née dans les fleurs" affirme Sylvie Stewart, pour se présenter. L'octogénaire est née à Baillif. Elle commence à vendre ses fleurs sur le marché de Basse-Terre.

Après son mariage, elle s'installe à Vernou à Petit-Bourg où elle cultive ses fleurs et s'établit à Pointe-à-Pitre pour les vendre. Elle se fournit en Martinique pour les anthuriums et à Bogota en Colombie pour les œillets, les marguerites. Elle est d'ailleurs la première à les proposer, dit Sylvie avec fierté.

"Au début, j'étais la seule marchande. D'autres ont voulu faire pareil. Les enfants livraient les bouquets dans les supermarchés. Sé sa i fè mwen lévé tout' pitit' an mwen. E sé pou sa yo tout' en flè" raconte-t-elle avec le sourire. Une belle réussite pour cette maman de 17 enfants.

Sylvie Stewart a également eu une boutique à Bordeaux, baptisée "Les oiseaux du paradis".

J'ai passé toute ma vie dans les fleurs, jusqu'à maintenant. Je ne peux pas laisser les fleurs, je suis là par plaisir. J'ai bien un âge pour rester à la maison, mais je suis trop debout pour rester à la maison. J'ai 85 ans, mais dans ma tête, j'ai 20 ans. 

Sylvie Stewart

En 2003, elle participe à l'élection de "Super mamie". Un épisode dont elle se souvient avec plaisir. Elle remporte le titre, mais l'aventure ne s'arrête pas là. Représentante de la Guadeloupe, elle est sacrée "Super mamie France", l'année suivante. "Tous mes enfants et mes petits-enfants sont venus danser pour moi" se souvient Sylvie.

À Pointe-à-Pitre, elle est un pilier. Elle s'est toujours fait un devoir d'aider son prochain. 

Je suis la mamie des démunis, des sans-abri, des dealers, des voleurs parce que lorsqu'ils faisaient une bêtise, les mamans les emmenaient me voir. Je leur parlais. Ils m'obéissaient. Jusqu'à maintenant. Certains sont mariés. Certains vivent en France. Et quand ils reviennent, ils passent me voir.

Sylvie Stewart

Elle avait même instauré un petit jeu avec ces enfants du quartier dont elle s'occupait parfois. Le vendredi, plutôt que de jeter les fleurs restantes, elle en faisait des bouquets, qu'elle alignait devant sa boutique. Ils chantaient, dansaient et lui récitaient des poèmes. "Il y avait des prix et donc je leur donnais les fleurs. Une habitude qui est restée" dit-elle avec le sourire.

"Les fleurs, c'est l'amour. Tu es douce et gentille. Tu n'es jamais triste avec les fleurs. Je vends mes fleurs en chantant", conclut-elle.