Face aux dérèglements climatiques et à un besoin croissant de ressources énergétiques, les territoires ultramarins doivent commencer à réfléchir à d'autres moyens que les énergies fossiles. Par chance, il existe un atout remarquable mais peu exploité dans ces zones : la géothermie.
À la suite des alertes de certains députés ultramarins désireux de voir leur terre se tourner vers des énergies vertes, le gouvernement a missionné le bureau de recherche géologique et minière (BRGM) afin qu’il puisse dresser un état des lieux des potentialités de la géothermie dans les "zones non interconnectées" (ZNI) des Outre-mer. Ces ZNI sont des territoires français, non reliés au réseau électrique de l’Hexagone.
Ce travail de recherches du BRGM doit permettre aux territoires ultramarins d’investir dans cette énergie verte et leur offrir des alternatives décarbonées. Saint-Pierre et Miquelon est aussi concernée par cette étude, pour une production de géothermie à très basse température destinée à chauffer habitations et établissements publics.
La seule usine géothermique en Guadeloupe
La seule usine en Outre-mer qui exploite cette ressource se trouve en Guadeloupe, dans la commune de Bouillante. Mise en service en 1986, cette centrale fournie actuellement 6 % de l’énergie électrique de l’île. "C’est une énergie qui est renouvelable, durable, qui fonctionne 24/24h et ne dépend pas des aléas météorologiques, et c’est une énergie qui est particulièrement locale en termes de contenu, de maintenance et d’opération. Donc pour toutes ces raisons, l’énergie géothermique est très intéressante pour les territoires d’Outre-mer", explique Frédéric Glanois, directeur énergie et décarbonation au BRGM, basé à Orléans.
Pour comprendre, la géothermie est l’énergie puisée entre 2 000 et 3 000 mètres de profondeur à des températures supérieures à 150 degrés. Cette chaleur extraite est ensuite transformée en électricité, comme le montre cette vidéo.
"La géothermie est une ressource très rentable en Outre-mer, parce que le prix est relativement bas, note Bernard Sanjuan, expert géochimie et géothermie au BRGM. Par exemple, à Bouillante [en Guadeloupe, NDLR] on vend l’électricité extrêmement bas, à 17 centimes le kilowatt-heure, donc c’est un prix inférieur à celui du fioul qui est de 20 centimes le kilowatt-heure."
En Guadeloupe, cette matière est très prometteuse avec comme objectif d'ici à 2030, 20% de la production électrique due à la géothermie.
Une ressource non exploitée dans le reste des Outre-mer
Si la Guadeloupe fait office de pionnière dans les Outre-mer en matière de géothermie, dans le reste des territoires ultramarins, cette ressource est inexploitée. Pourtant, elle y est sans doute aussi présente. D’après les informations du BRGM, en Martinique et à Mayotte, des sites de forages ont été proposés mais n’ont jamais vu le jour.
Plusieurs raisons sont avancées, mais la principale est celle du forage pour aller chercher cette précieuse chaleur dans les profondeurs. "Ces forages coûtent assez cher, ce sont des investissements industriels assez importants. Il faut des machines assez considérables et cela coûte cher, parce qu’il y a un degré d’incertitude assez élevé aussi. On ne sait jamais ce qu’on va trouver avec certitude quand on creuse", déclare Frédéric Glanois, directeur énergie et décarbonation au BRGM.
"Dans ces îles, ce n’est pas la température qui pose problème, mais c’est plus le débit et ce qu’on appelle la perméabilité des roches, c’est-à-dire la circulation de l’eau dans les roches. Si elle est bonne, on aura un fort potentiel, dans le cas contraire ça va diminuer", poursuit Bernard Sanjuan, expert géochimie et géothermie au BRGM.