Les évêques de France ont entamé lundi une assemblée plénière consacrée à la pédocriminalité et la question de la "responsabilité" de l'Église, une notion qui ne fait pas consensus, avant d'éventuelles décisions fin mars.
Cette rencontre, à huis clos en visioconférence, est un préalable à une autre assemblée plénière qui se déroulera fin mars, lors de laquelle les quelque 120 évêques de la Conférence des évêques de France (CEF), auront à se prononcer sur un dispositif de "reconnaissance de la souffrance vécue" par les victimes.
Des témoignages de victimes au centre des réflexions
Ce dispositif, dont les options ne sont pas définies à ce stade, pourrait passer par des mesures sur le plan financier mais aussi des démarches en ce qui concerne la mémoire (monument, plaques), la prévention et enfin l'accompagnement des clercs coupables, quatre chantiers sur lequel travaillent les évêques depuis deux ans et demi.
Jusqu'à mercredi, les évêques discutent du thème de "la responsabilité et ses implications pastorales", en écoutant experts et anciennes victimes avec lesquelles ils travaillent sur les quatre chantiers.
Ils vont visionner lundi soir la pièce de théâtre "Pardon ?", de Laurent Martinez, qui raconte l'histoire d'un homme agressé sexuellement par un prêtre lorsqu'il était enfant.
Une reconnaissance essentielle
"La reconnaissance de la responsabilité est un véritable processus en soi, fondamental", affirme à l'AFP Olivier Savignac, membre du collectif d'anciennes victimes Foi et Résilience, qui participe aux échanges.
"Il est temps qu'au niveau individuel et collectif, les évêques prennent la mesure de ce qui s'est passé", ajoute-t-il, insistant également sur l'importance de "la notion de mémoire, dans le processus de reconnaissance".
A la CEF on admet qu'il y a "débat au sein de l'épiscopat" sur la notion de responsabilité et que "les évêques ont besoin de se mettre d'accord ou de marquer leurs différences".
D'autant qu'ils ont dû suspendre une décision prise en 2019 en faveur des victimes: ils avaient alors voté le principe du versement d'un forfait unique pour chacune d'elle, qui aurait été financé par la création d'un fonds spécifique.
Mais une partie des fidèles, appelés à participer s'ils le souhaitaient à abonder ce fonds, avaient très mal perçu l'annonce de ce dispositif.
Par ailleurs, des victimes, ou des associations de fidèles laïcs font valoir qu'à quelques mois près, il serait préférable d'attendre la publication des préconisations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) présidée par Jean-Marc Sauvé à l'automne prochain.