Après avoir brutalement informé la population de l'obligation de port du masque dès le CP, le rectorat a accepté, hier, d'échelonner l'application de cette mesure sur une semaine et de fournir une partie de ces accessoires imposés. Mais parents, syndicats et maires ont toujours à redire.
Finalement, après avoir rencontré les associations de parents d'élèves, dans l'après-midi de ce vendredi 19 février 2021, la rectrice de l'académie de Guadeloupe a mis de l'eau dans son vin.
En effet, la veille, Christine Gangloff-Ziegler annonçait par communiqué, à brûle-pourpoint et sans concertation préalable, l'obligation de port du masque, pour tous les élèves des écoles élémentaires de l'archipel (du CP au CM2), dès la rentrée des vacances de carnaval, soit le lundi 22 février.
Cette décision a provoqué une levée de boucliers de la part des représentants des parents d'élèves, mais aussi de syndicats de l'Education Nationale. Ceux-ci dénonçaient notamment le peu de délai laissé aux familles, pour s'organiser, mais aussi, pour certains, le choix même d'imposer le masque à de si jeunes enfants, tout au long de la journée.
Une application échelonnée
D'abord, le rectorat concède un délai, quant à l'application de cette mesure, car elle représente un coût supplémentaire, pour les familles et demande à chacune de s'approvisionner, en urgence, en masques, en nombre suffisant.
Ainsi, la date d’obligation du port du masque, à l’école élémentaire, a été différée d’une semaine. Son application se ferait donc progressivement, entre le 22 février et le 1er mars.
Quelle catégorie de masques ?
Les masques chirurgicaux et ceux en tissu de catégorie 1 seront autorisés.
Il existe, d'ailleurs, des masques adaptés à la physionomie des enfants, trouvables en grande surface ou en pharmacie ; ces dispositifs pédiatriques n’étaient, jusque-là, pas en tête des ventes.
Mais, d'ores et déjà, certains fournisseurs grand public sont en rupture de stock.
Les autorités mettront la main au portefeuille
Enfin, pour répondre aux préoccupations pécuniaires des familles, le rectorat et la préfecture se sont accordés pour distribuer deux masques lavables, à tous les écoliers de Guadeloupe, dès la semaine prochaine.
Communiqué du rectorat - 19/02/2021
La méthode ne convainc pas
Le rétropédalage du Rectorat n’a pas levé toutes les interrogations, des parents d'élèves, des syndicats de l'éducation nationale et des maires. Tous demandent aux pouvoirs publics de reconsidérer globalement les modalités d’application de cette nouvelle mesure imposée aux enfants, dès 6 ans.
Une réunion s'est tenue, ce samedi 20 février 2021, en matinée, à la mairie du Lamentin, à l'initiative de l'association des maires de Guadeloupe (AMG), dont Jocelyn Sapotille est le président :
Jocelyn Sapotille compte mener une concertation, avec les maires de Guadeloupe, pour déterminer dans quelle mesure chacun pourra accompagner les parents, sur la question du masque, mais aussi sur celle du renforcement de la sécurité, sur le plan sanitaire, dans les écoles.
Justement, Marie Emile Mirval, le secrétaire général du syndicat des personnels de l’Education en Guadeloupe (SPEG), également participant à cette rencontre, rappelle que la lutte contre la Covid-19, ne passe pas que par l'usage des masques, c'est aussi une question d'hygiène au sein des établissements, de fourniture en quantité suffisante, de savons et d'eau. Mais les collectivités sont-elles en mesure de suivre, demande-t-il ?
La position de la Fédération des associations de parents d’élèves (FAPEG) reste inchangée, malgré la révision consentie par la rectrice. Son président, Michel Gédéon, estime que cette mesure doit être entièrement prise en charge, financièrement, par l'Etat et les collectivités.
Les parties réclament un véritable protocole, qui reste à définir, pour l’application d’une mesure décidée sans concertation et susceptible d'impacter le budget des familles.
Une pétition contre le port du masque chirurgical obligatoire, en ligne
Un certain "Erick C." a lancé une pétition en ligne, ce vendredi, à destination des parents d'élèves, enseignants et directeurs d'écoles primaires, en Guadeloupe. Cela pour dire "NON à l'obligation de porter le masque, pour les enfants à l'école primaire en Guadeloupe".
Nous parents d’élèves de primaire, professeurs des écoles, directeurs et directrices d’écoles primaires, de Guadeloupe, ne souhaitons pas soumettre nos enfants, de 6 à 11 ans, au port du masque pendant les heures d’écoles. Cette mesure ne semble ni adaptée au contrôle de l’épidémie de Covid-19, ni adaptée au développement psychomoteur des enfants de cette tranche d’âge, ni même adaptée à leur santé mentale et physique à court terme. Plusieurs études scientifiques ont en effet montré que les enfants de cette tranche d’âge ne sont ni le réservoir, ni les transmetteurs de cette maladie. Quand bien même ils le seraient, l’efficacité avancée d’une filtration de 90% , concerne des mesures expérimentales, faites au cours d’un effort de toux isolé en laboratoire ; données qui ne peuvent certainement pas être extrapolées aux conditions d’usage attendues par des jeunes enfants, en milieu tropical, au cours d’une longue journée de travail, dans des salles de cours non climatisées… Il est aussi bien documenté que la sociabilisation des jeunes enfants passe par l’accès à l’intégralité du visage des interlocuteurs ; nous leur avons déjà retiré celui des adultes qui les encadrent…Il est enfin documenté que le port prolongé du masque expose à des troubles cognitifs, sensitifs et somatiques, notamment d’ordre infectieux, respiratoire et cutané… Le port du masque obligatoire pour les enfants d’école primaire de Guadeloupe ne nous paraît donc pas être une mesure adaptée à la situation sanitaire en Guadeloupe.