Maryline, cheveux noirs et très longs, avoue à demi-mot "je ne sais pas comment me coiffer, j'ai envie de changer complètement de tête". Depuis plusieurs années, elle confie sa chevelure à Pascal. D'ailleurs, elle se décrit comme une fidèle cliente " tous les 15 jours, j’ai pris l’habitude d’aller chez le coiffeur pour soigner mon cheveu". Les mains de fées appartiennent à Pascal Alexis. Depuis 37 ans, le styliste visagiste coiffe tous les types de cheveux. Avant, dans son salon, les fauteuils étaient tous occupés, ses journées remplies, il travaillait de 8h à 20h sans pause déjeuner.
Aujourd'hui, le coiffeur explique avoir fidélisé sa clientèle, car les rendez-vous sont plus parsemés. Son activité a été impactée et a diminué de 50%. L'explication selon lui c'est le pouvoir d'achat : "le coût de la vie, les augmentations de partout qui ont flambé, et le budget de la clientèle, c’est un peu compliqué". Parmi les autres raisons, l'expert de la coiffure note un changement dans les habitudes de ces clientes. Ces dernières années, beaucoup de femmes antillaises ont fait le choix de retourner au cheveu naturel, " souvent elles ont des coupes courtes qui ne nécessitent pas d’entretien permanent, on se contente de faire des couleurs, des éclaircissements, des soins, des tresses, des extensions".
Face à cette tendance nappy qui a pris de l'ampleur, certains ont dû s’adapter, et choisi de surfer sur cette vague. Chez Ethnic Hair Academy, les clientes affluent, séduites par le coaching capillaire. Ce jour-là, Yannick, la directrice déléguée, s'occupe à redéfinir les boucles d'une cliente. Les mains dans les cheveux, elle explique la stratégie du salon : "nous, on a fait le parti, de travailler que sur rendez-vous, ce qui nous a permis d’avoir une qualité de service, encore plus pointu, et derrière d’avoir un suivi avec nos clients, qui soit plus axés sur l’accompagnement".
La crise covid a fortement impacté les salons de coiffures, considérés commerces non essentiels durant le confinement. Cette période a poussé l'entreprise à se restructurer. Betty Salbot, la présidente d'Ethnic Hair Academy, exerce le métier de la coiffure depuis 50 ans. Aujourd'hui, elle explique avoir vu sa profession changer, les habitudes évoluer : "faire attendre tout le monde, ça met la pression, on oublie le temps de pause, c’est fini, on travaille dans un temps précis pour la clientèle, qui sait déjà combien de temps il va passer ici, avant de venir".
Le temps des salons de coiffure où l'on passait de longues heures à attendre son tour, semble bel et bien révolu.