Présidentielle contestée au Venezuela : l'Espagne et l'Union européenne estiment ne pas pouvoir reconnaître la victoire de Nicolas Maduro

Des opposants à Nicolas Maduro, dont la réélection à la tête du Venezuela est constestée, manifestent, à Caracas, le 30 juillet 2024.
L'Espagne a déclaré vendredi ne pas pouvoir reconnaître les résultats de l'élection présidentielle contestée au Venezuela tant que tous les procès-verbaux des bureaux de vote ne seraient pas publiés. L'Union européenne est sur la même position. Une déclaration qui intervient au lendemain de la validation de l'élection du Président Nicolas Maduro par la Cour suprême du pays latino-américain.

Pour reconnaître les résultats de l'élection présidentielle vénézuélienne, il est essentiel que les résultats du vote soient publiés de manière complète et vérifiable, afin de garantir une transparence totale. Tant que cela ne sera pas le cas, nous ne pourrons reconnaître le résultat de cette élection.

Un porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères espagnol

Il a également souligné que le gouvernement espagnol continuerait d'agir, avec ses partenaires européens et latino-américains pour que "la volonté démocratique du peuple vénézuélien soit respectée". Le ministère a rappelé qu'il était nécessaire de trouver "une solution politique basée sur le dialogue et la négociation entre Vénézuéliens", en appelant à "la fin des arrestations" et au "maintien de la paix sociale".

L'Union européenne sur la même position

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a exprimé vendredi une position proche.

Nous n'avons pas cessé de dire que le résultat de cette élection devait être démontré et jusqu'à présent, aucune preuve ne nous a été présentée. Tant que ce sera le cas, nous ne pourrons pas reconnaître le résultat du scrutin.

Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE

"Nous essayons de faire en sorte que les 27 (pays membres de l'UE) parviennent à une position commune" sur le Venezuela, a-t-il ajouté.

La Cour suprême du Venezuela "inféodée au pouvoir"

Sans surprise, la Cour suprême du Venezuela, que la plupart des observateurs considèrent comme inféodée au pouvoir, a validé jeudi la réélection du président Nicolas Maduro malgré les allégations de fraude de l'opposition qui considère la décision comme "nulle". L'annonce de sa réélection pour un troisième mandat a provoqué des manifestations spontanées, brutalement réprimées. Elles ont fait 27 morts, selon un nouveau bilan jeudi des autorités. En outre, 192 personnes ont été blessées et 2.400 arrêtées.

Nicolas Maduro, 61 ans, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral, qui n'a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d'un piratage informatique. Une telle attaque est jugée peu crédible par l'opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact.

Edmundo Gonzales Urrutia aurait obtenu plus de 60% des voix

Selon l'opposition, qui a rendu publics les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin du 28 juillet avec plus de 60% des voix. Le président du Parlement Jorge Rodriguez a cependant affirmé qu'ils étaient "faux". Samedi, lors d'une manifestation, la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado a assuré que la mobilisation allait se poursuivre.

Nous n'abandonnerons pas la rue. La voix du peuple se respecte. Le monde entier et tout le Venezuela reconnaissent que le président élu est Edmundo Gonzalez Urrutia.

Maria Corina Machado, cheffe de l'opposition