La ville de Lamentin entend donner l’exemple en étant la première commune de Guadeloupe à mettre en place, sur son territoire, une Cellule citoyenne et de tranquillité publique (CCTP). Cette instance regroupe le maire, le procureur de la République, les forces de l’ordre, les chefs d’établissements scolaires du second degré, des médiateurs sociaux et divers autres experts ; tous ont des objectifs communs, concernant les jeunes : les rappeler à l’ordre et les remettre sur le droit chemin, si cela s’avère nécessaire.
Tendre la main aux mineurs et aux parents qui en ont besoin
La Cellule citoyenne et de tranquillité publique est un dispositif souple. Plus restreint qu’un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), elle assure le suivi du public visé et favorise la concertation entre acteurs. Elle joue aussi un rôle de conseil des droits et devoirs des familles. Enfin, elle soutient le maire, dans son devoir de rappel à l’ordre.
Il s’agit donc concrètement, pour les acteurs de la CCTP, de faire prendre conscience aux mineurs identifiés qu’ils ont des comptes à rendre et des obligations, au sein de la société. Par ailleurs, leurs parents et représentants légaux doivent assumer leurs responsabilités auprès de ces mêmes mineurs.
La CCTP n’est pas un tribunal. C’est une instance solennelle qui propose, avant tout, une oreille attentive aux personnes reçues. L’idée est de faire sortir la vérité, afin de déceler les difficultés réelles des familles et, à postériori, leur proposer un accompagnement sur mesure, avec l’intervention possible d’experts (psychologues...).
Si elle n’use pas de répression, en cas de mauvais comportements (petits délits), elle fait preuve de fermeté.
Après prise en charge d’une situation, chaque acteur de la CCTP, notamment ceux de l’Education nationale, veille au grain. Et si l’accompagnement proposé n’est pas suivi d’effet, la justice peut se saisir des dossiers, le procureur étant partie prenante du dispositif.
La concrétisation du projet lors d’une première instance
Les premiers jeunes de Lamentin à avoir été identifiés l’ont été du fait de leur absentéisme scolaire. Mais la Cellule peut aussi être interpellée, via un signalement. Un jeune peut lui-même s’adresser à elle, s’il en ressent le besoin.
C’est ainsi qu’une première audience s’est tenue en mairie, mercredi dernier (le 3 mai 2023). Elle a été présidée par le maire de Lamentin Jocelyn Sapotille, en présence notamment du procureur de la République Patrick Desjardins et du commandant de la brigade de gendarmerie de la commune Christophe Le Toquin.
Cinq familles ont été convoquées ; deux ne se sont pas présentées.
Dans le premier cas, il n’y avait pas à tergiverser : le collégien, un peu flémard, doit retourner sur les bancs de l’école parce que, dans la vie, on ne fait pas que ce que l’on veut, lui ont signifié les membres de la CCTP !
Les deux autres mineurs reçus, avec leurs proches, bénéficieront d’un suivi un peu plus poussé : un qui a un projet mais a baissé les bras, n’atteignant pas son objectif ; l'autre jeune est déjà connu de la justice, mais il faut lui laisser une chance supplémentaire.
La prévention de la délinquance : une nécessité en Guadeloupe
Jocelyn Sapotille, qui est également le président de l’Associations des maires de Guadeloupe (AMG), estime que toutes les communes de l’archipel devraient avoir une CCTP, compte tenu du niveau actuel de la petite délinquance.
Accompagner les mineurs sur la bonne voie, équivaux à les aider à se construire un avenir serein ; cela contribue aussi à faire baisser l’insécurité, en ces temps où elle est galopante, localement.
Bon à savoir : mettre en place une CCTP n’est pas une affaire de gros sous, puisque ceux qui siègent aux audiences (maire, procureur, police municipale, gendarmerie, principaux de collèges, proviseurs de lycées...) sont tous dans leur rôle.
L’initiative de la ville de Lamentin est saluée, notamment par la gendarmerie : "Félicitation au maire et à son équipe de s’être emparé de cet outil de prévention de la délinquance".