La danseuse et chorégraphe Guadeloupéenne Léna Blou attire l’attention des acteurs du monde du Gwoka sur une proposition de loi qui pourrait impacter leurs activités.
Une proposition de loi, examinée cette semaine par la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l’Assemblée Nationale, prévoit notamment la professionnalisation de l’enseignement de la danse, quelle qu’elle soit. Les députés à l’origine de ce texte estiment que le cadre législatif actuel du diplôme d’État de professeur de danse (qui remonte au 10 juillet 1989) n’est plus adapté à la diversité des pratiques.
À l’heure actuelle, ce diplôme d’Etat est limité aux options danse classique, danse contemporaine et jazz. Il ne concerne pas le hip‑hop, les danses régionales de France (dont le Gwoka, le quadrille ou encore la biguine), les danses baroques et anciennes, ni les danses du monde ; toutes celles-ci sont donc dispensées du principe d’obtention du diplôme d’État de professeur de danse, à ce jour.
Léna Blou ne se prononce ni en faveur, ni contre le projet des députées Fabienne Colboc et Valérie Bazin‑Malgras. Mais, si elle est votée, la loi impactera les pratiques locales ; il faut donc s’en préoccuper, selon cette professionnelle.
Moi, c’est surtout le monde du Gwoka que je voulais interpeller. J’avais envie de demander aux acteurs comment ils se positionnent par rapport à ça. Être d’accord ou pas avec la notion de diplôme d’état, je pense que ce n’est pas ça le plus grand enjeu. Mais j’ai plutôt des questionnements : qui a obtenu les compétences nécessaires, au titre de professeur de danse de Gwoka ? Quels sont les critères ? Quel est le contenu pédagogique ? Qui va former ? Qui va évaluer ?
Léna Blou, docteure en anthropologie de la dance
Léna Blou craint que le diplôme d’Etat élargi devienne un fourre-tout. Il est donc important, selon elle, que les acteurs locaux donnent leur point de vue, quant à ce qu’ils souhaitent.
Dans ce but, la chorégraphe a commencé à faire circuler une pétition, qui n’a pas reçu l’écho escompté.
Il y a eu une pétition, que j’avais envoyée... mais bon, c’est passé à la trappe, peut-être parce que les gens n’y croyaient pas. Mais, en tout cas, ça va être voté entre le 7 et le 8 [mars 2024]. Donc, c’est quand même important pour nous. C’est une mise en danger pour tous ceux qui enseignent le Gwoka.
Léna Blou (message adressé au monde du Gwoka, via les réseaux sociaux – 02/2024)
La proposition de loi poursuit sa procédure législative. Si le texte est voté, toute personne qui enseigne le Gwoka (par exemple) sans le diplôme d’État français, ainsi que la structure qui l’embauche, risqueront une contravention de 15.000 euros et un an d’emprisonnement.
À PROPOS/
Le diplôme d’État de professeur de danse a été créé par la loi n° 89‑468 du 10 juillet 1989. C’est un diplôme de niveau 5 (Bac+2).
Selon le préambule de la proposition de loi "visant à professionnaliser l’enseignement de la danse en tenant compte de la diversité des pratiques", "ce cadre juridique a été guidé par la volonté de protéger l’intégrité physique des pratiquants en danse, reconnaître le métier de professeur de danse, le valoriser en termes de compétences pédagogiques et de niveau de qualification, et structurer une profession inscrite dans le cadre de la fonction publique territoriale".
Il "a permis de répondre à un double objectif :
– Assurer aux élèves et aux familles, par la création d’un diplôme d’État, une réelle garantie de la qualification des enseignants des danses classique, contemporaine et jazz ;
– Instaurer des normes précises minimales quant aux locaux où est dispensé tout enseignement de la danse, sur le plan technique, de la sécurité et de l’hygiène".
Le texte complet de cette proposition de loi est à consulter > en cliquant ici.