Qui était Charles-Henri Salin, tué par un gendarme le 18 novembre 1985 ?

Ce jeune Guadeloupéen a été abattu par un gendarme à Boissard, à Pointe-à-Pitre, le 18 novembre 1985.

Charles-Henri Salin était un lycéen. Ce soir du 18 novembre 1985, il sort du cinéma, son cartable sur le dos. Sa route croise celle d’un convoi de gendarmes patrouillant à Boissard à Pointe-à-Pitre.

Charles-Henri n’ira pas plus loin, il sera tué par Michel Maas, 42 ans maréchal des logis de la gendarmerie.

Trois balles d’un pistolet-mitrailleur, reçues en plein thorax.

Charles-Henri Salin s’effondre.

Je me rappelle très bien ce moment. Nous étions à la maison et nous avons vu beaucoup de monde arriver... On entend qu'il y a eu la mort d'un jeune. Mais on était loin d'imaginer que c'était notre famille qui avait été touchée, qu'on allait vivre des moments très difficiles. Toute la période de l'enterrement, et puis, le moment du procès... Nous avons dû quitter la Guadeloupe, aller en métropole en pensant qu'il y aurait une justice. 

Chantal Salin Barnier

Novembre 2020

Plus tard, le gendarme dira qu’il a tiré pour sauver sa vie. Mais, dans le sac de Charles Henri, aucune arme n’est retrouvée. Une vie arrachée sans raison. Un meurtre pour rien pour beaucoup...
Si les gendarmes patrouillent ce soir-là à Boissard, c’était dans le but de mettre la main, sur le truand Timalon, soupçonné d’avoir tué un autre gendarme quelques jours plus tôt.

Dans les jours qui suivent la jeunesse de Guadeloupe se révolte et veut comprendre ce qui a provoqué la mort de ce lycéen de Baimbridge.

Ma mère n'a jamais pu se remettre de ce moment tragique. 

Chantal Salin Barnier

Novembre 2020

Le gendarme meurtrier est quant à lui promu adjudant et lors d’un procès en 1990, délocalisé à Paris, il est acquitté.
Reconnu coupable, l’adjudant Maas est acquitté. Le tribunal a estimé qu'en tirant une rafale de pistolet-mitrailleur sur Charles-Henri Salin, le gendarme Maas était coupable d'avoir "provoqué la mort sans intention de la donner". Mais il aurait eu "un motif légitime" de le faire, toujours selon le tribunal.

Coupable et acquitté… Charles Henri Salin, lui est tombé. Et pour de nombreuses personnes, il aura été un jeune : "Tué par un gendarme sur les dents et couvert par le pouvoir colonial". Une injustice...

Justice n’a donc pas été rendue, pour une famille qui pleure un fils et un frère.