Ce sera 64 ans à l'horizon 2030... Élisabeth Borne a présenté mardi la réforme des retraites, engagement phare du président réélu Emmanuel Macron, confirmant un report de l'âge légal de départ qui laisse augurer une vive opposition dans la rue et au Parlement.
Le report de l'âge légal à 65 ans, engagement initial d'Emmanuel Macron, n'a "jamais été une fin en soi", a insisté la Première ministre, présentant la réforme retenue comme le fruit des nombreuses consultations avec les syndicats et les partis politiques, au premier rang desquels Les Républicains dont le gouvernement espère l'approbation.
A compter du 1er septembre, l'âge légal de départ sera donc "relevé progressivement de trois mois par an pour atteindre 64 ans en 2030. Nous serons donc à 63 ans et 3 mois à la fin du quinquennat" en 2027, a détaillé Elisabeth Borne.
"Nous n'irons pas plus loin que les 43 ans de cotisation prévus par la réforme Touraine pour partir avec une retraite à taux plein. Mais nous atteindrons cette cible plus vite, en passant à un rythme d'un trimestre par an", a-t-elle développé. Il faudra donc avoir cotisé 43 ans dès 2027 au lieu de 2035 pour une retraite à taux plein.
Autre mesure-phare sur laquelle le gouvernement compte pour faire accepter la réforme: le relèvement à 85% du Smic net, soit 1.200 euros brut actuellement, de la pension minimum pour les carrières complètes, une mesure étendue aux actuels retraités. "Près de deux millions de petites retraites vont être augmentées", a fait valoir Élisabeth Borne.
La réforme comprend également un dispositif "adapté" pour les carrières longues, "pour qu'aucune personne ayant commencé" à travailler tôt ne soit obligée de travailler plus de 44 ans", selon le gouvernement.
En outre, le gouvernement veut créer un "index seniors" que les entreprises de plus de 50 salariés devront publier. Une mesure qui suscite l'hostilité du patronat.
Une mobilisation annoncée suivie en Guadeloupe
Au plan social, la suite ne fait guère de doute : réunis en fin d'après-midi à la Bourse du travail à Paris, les dirigeants des huit grands syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) ont annoncé une première journée de grève et de manifestation, le 19 janvier.
Pour les principaux partis d'opposition, et la quasi totalité des syndicats, le recul de l'âge légal de départ était la ligne rouge à ne pas franchir. D'autant plus que la durée des cotisations devrait également être retoquée.
En Guadeloupe, les syndicats s'insurgent...
Il est inadmissible que nous puissions travailler au-delà de 60 ans. Mais surtout, il est inadmissible que nous voyons nos niveaux de pension diminuer et c'est pour ça qu'à la FSU, nous allons nous mobiliser et faire en sorte que la retraite soit plus juste.
Eddy Ségur, secrétaire général de la FSU (Fédération Syndicale Unitaire) Guadeloupe
Nous ferons le nécessaire, dans la rue, pour que le gouvernement recule... Comment voulez-vous que nous, Guadeloupéens, acceptions... Nous avons déjà beaucoup de personnes percevant des minima sociaux en terme de retraite, soit moins de 500 euros. On ne nous parle pas d'augmenter ces pensions mais la durée de travail... C'est impensable.
Cédric Geolier, secrétaire général de l'UIR CFDT (Union interprofessionnelle régionale CFDT) Guadeloupe
Pour Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG (Confédération Générale des Travailleurs de la Guadeloupe), cette réforme n'avantage que les membres du patronat.
Eux aussi seront donc dans les rues le 19 janvier prochain.