Solange Yvon Coudrieu, l'un des témoins de mai 67, s'est éteint à 84 ans

Figure des évènements de mai 67 en Guadeloupe, Solange Yvon Coudrieu est décédé ce samedi 4 septembre 2021. Blessé à la jambe durant ces journées de 1967, il avait été amputé de sa jambe droite et avait passé le reste de sa vie à témoigner au nom de ceux qui eux, avaient alors perdu la vie

Son histoire, il n'avait eu de cesse de la raconter, souvent avec les larmes aux yeux, comme si cela lui était arrivé la veille. Lui le jeune homme de Pointe-à-Pître à la vie prometteuse, mais qui s'était retrouvé au milieux des fusillades de mai 1967, il s'était alors fait un devoir de ne jamais se taire pour que les Guadeloupéens d'aujourd'hui sachent ce qui s'était vraiment passé alors. 

Je n’avais rien à voir avec la grève. Je voulais aller chercher un cadeau que j’avais commandé pour la fête des Mères... Les bureaux de la mairie étaient fermés, j’ai rebroussé chemin.

En regardant autour de moi, j’ai aperçu une 2 CV emboutie dans une DS en feu. Une Jeep est passée avec des militaires. Je me suis dit qu’ils allaient dégager les véhicules.

Soudain, une détonation. Assis sur un pliant, un homme vêtu de blanc s’est écroulé.

Une seconde déflagration m’a soulevé de terre. J’ai senti ma jambe exploser. J’ai fait le mort ainsi qu’on me l’avait appris durant mon service militaire en Algérie. Puis je me suis traîné sous le halo d’un réverbère. Il devait être 19h30. J’ai crié Aidez-moi, aidez-moi!..On m’a abattu dans le dos, comme un lapin...
Je me concentrais alors sur le clapotis de l’eau dans une fontaine pour rester conscient. Toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus fort.
C’était ma devise de sportif. C'est elle qui m’a aidé à tenir. Je voulais témoigner.

Secouru par ses voisin, Solange Coudrieu est conduit à l'hôpital général où il est opéré immédiatement. Mais sa jambe étant en très mauvais état, il est alors amputé de la jambe droite.

C'est ainsi qu'il se présentera durant tout le reste de sa vie, comme un témoignage vivant d'une page de l'histoire de la Guadeloupe qu'il aura personnifié durant ces 54 dernières années.

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Solange Yvon Coudrieu, l'un des miraculés de mai 67, témoin du jour

Les réactions : 
 

Luc Reinette 

 

Ils ont dit : 

"Blessé dans sa chair lors des événements de mai 1967, ce qui lui a valu une amputation de la jambe, il n’a eu de cesse de témoigner au nom des sans voix et de ceux qui ont perdu la vie lors de ce massacre, notamment au sein de l’association Anmwé 67.
La Guadeloupe perd aujourd’hui une de ses mémoires vivantes. Solange Yvon Coudrieu restera l’un des symboles de Mai 67.
" (Ary Chalus, Président de la Région)

"Marqué dans sa chair et son coeur par les événements de mai 1967, il aura toute sa vie durant milité pour que cette sombre page de notre Histoire soit connue du plus grand nombre, notamment au sein de l’association Anmwé 67.
D’une grande humanité, toujours soucieux de son prochain et d’une abnégation sans faille, il fut un combattant de la vie, particulièrement actif au service de la cause des personnes porteuses de handicap
" (Guy Losbar, Président du Département)

"À la fois victime et grand témoin des effroyables événements de mai 1967, Solange Yvon Coudrieux, fauché ce jour là, dans l’élan de son jeune âge, figure devenue emblème et mémoire vivante de ces événements, est, et sera pour longtemps, l’être et la parole à jamais gravés dans l’itinéraire collectif." (Max Mathiasin, député de la Guadeloupe)