Mois de 15 jours après la rentrée scolaire 2022, les syndicats de personnels de l’Education nationale annoncent que leurs craintes exprimées en août dernier étaient justifiées : d’énormes difficultés seraient constatées, au sein de plusieurs établissements scolaires de la Guadeloupe.
« L’école produit de l’échec »
Les adhérents au Syndicat des personnels de l’Education en Guadeloupe (SPEG) étaient réunis en Assemblée générale, samedi 10 septembre, au centre culturel « Gérard Lockel », à Belcourt Baie-Mahault, afin notamment de faire le point sur les conditions de la rentrée.
Le syndicat a fait salle comble, mais le bilan dressé est plutôt négatif. Les personnels, qu’ils soient administratifs ou enseignants, contractuels ou titulaires, estiment que la situation est beaucoup plus compliquée que veut bien le faire croire la Rectrice d’Académie.
De longue date, ils dénoncent les suppressions de postes décidées d’une année à l’autre.
Le SPEG est à l’initiative, depuis 2020, d’une demande de moratoire, pour arrêter ces suppressions de postes, afin de réellement mettre ces moyens au service d’un projet d’éducation qui permettra de limiter l’échec. On sait qu’en Guadeloupe, on produit plus d’illettrisme : 20% ! Alors qu’en France, on en est à 9 ! On sait qu’il y a 1000 élèves qui sortent régulièrement du système scolaire sans qualification, sans diplôme. On sait aussi que sur toutes les évaluations, que ce soit celles du 1er degré, ou celles du lycée, on est en retard.
Jean Dernault, secrétaire général du SPEG
Les tests de positionnement de début de lycée ont pris du retard, par exemple, selon le syndicat. Pour cette étape importante, qui permet à chaque élève de seconde d’identifier ses acquis et ses besoins en maitrise de la langue française et en mathématiques et aux enseignants de mieux cibler et organiser leur approche, la Guadeloupe, la Guyane et Mayotte sont à la traîne, par rapport aux autres académies, au niveau national.
Le SPEG considère que l’école produit de l’échec, dans les circonstances actuelles.
Il faut se pencher réellement sur la particularité de notre académie, sur le fait que c’est une académie archipélagique, sur les problèmes particuliers de cette académie, pour réellement mettre en œuvre un projet éducatif et endiguer l’échec en Guadeloupe.
Jean Dernault, secrétaire général du SPEG
Par ailleurs, la promesse du ministre de l'Education nationale de mettre un enseignant devant chaque classe n’est pas tenue, localement, selon le SPEG.
Non, ce n’est pas effectif ! On a vu, la semaine dernière, le collège de Bouillante se mobiliser et ils ont obtenu une classe supplémentaire. C’est bien parce qu’il manque des enseignants ou, en tout cas, que les classes sont surchargées. Et il y a encore des postes qui ne sont pas pourvus. Certains des collègues n’ont toujours pas reçu d’affectation. Des contractuels aussi sont en attente de nomination.
Jean Dernault, secrétaire général du SPEG
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Des moyens humains qui partent
Bilan de la rentrée scolaire également négatif pour le Syndicat national des collèges et des lycées, membre de la Fédération autonome de l'Éducation nationale (FAEN-SNCL), qui organisait aussi son assemblée générale le week-end dernier, au collège « Maurice Satineau » de Baie-Mahault.
Ses membres ont notamment débattu des perspectives et des stratégies du syndicat, pour l’année.
Et, sur les premiers jours d’école, le constat est sans appel. Le manque d’enseignant est, une fois de plus, dénoncé. Pourtant, plusieurs néo-titulaires de l’académie sont affectés dans l’Hexagone, note la FAEN-SNCL.
Plus de la moitié de nos néo-titulaires, nos collègues qui ont réussi le concours, est amenée à partir dans les académies de Créteil et de Versailles, alors que nous avons des disciplines déficitaires localement : en lettres classiques, en anglais, en mathématiques. Ces collègues, malgré le fait que nous ayons besoins d’eux sur le terrain, sont amenés à partir.
Teddy Tancons, secrétaire général FAEN-SNCL, section de Guadeloupe
Outre l’impact des dysfonctionnements dénoncés, sur l’enseignement des élèves, certains professionnels sont aussi mis à rude épreuve, selon Teddy Tancons, qui prend l’exemple des jeunes étudiants alternants affectés aléatoirement et privés, pour certains, d’un tuteur pour les aider.
Ce sont, donc, pour les deux syndicats, les moyens humains qui font le plus défaut aux établissements scolaires du territoire, pour garantir aux générations futures une éducation digne des ambitions qu’elles pourraient nourrir.