Les tensions perdurent, au Venezuela, depuis l’élection présidentielle du 28 juillet dernier. L’opposition estime que la victoire a été volée par le sortant Nicolas Maduro, tandis que ce dernier s‘estime légitime et accuse ses adversaires de "désobéissance" notamment.
Les militants qui participent aux manifestations contre le pouvoir en place sont sévèrement réprimés ; elles se sont soldées par la mort de 27 personnes, 192 ont été blessées et quelque 2.400 personnes ont été arrêtées. Par ailleurs, le candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, visé par un mandat d’arrêt et menacé de prison dans son pays, a fait le choix de se réfugier en l’Espagne, qui lui a accordé l'asile.
Ce contexte délétère pousse la communauté internationale à prendre des dispositions, à condamner, ou à prendre parti.
Des ressortissants étrangers arrêtés, la France met ses ressortissants en garde
La France a recommandé, dimanche (15 septembre 2024), à ses ressortissants de reporter tout voyage vers le Venezuela "sauf raison impérative" en raison d'un "regain de tensions" sur place. Un avis a été adressé aux voyageurs, en ce sens, par le Centre de crise et de soutien du ministère français des Affaires étrangères.
Ces recommandations interviennent après l'arrestation, par les autorités vénézuéliennes, de trois Américains, deux Espagnols et un Tchèque, accusés d'être liés à un complot présumé, visant à "déstabiliser" le pays.
Pour les personnes déjà sur place, il est très fortement recommandé de se tenir éloigné de toute manifestation ou rassemblement à caractère politique et de se tenir informé de la situation politique et sécuritaire (...). De même, il est recommandé de s'abstenir de toute expression sur la situation politique vénézuélienne dans l'espace public.
Avis aux voyageurs du Centre de crise et de soutien
Le clan Maduro pointé du doigt par Bruxelles et Washington
Pour rappel, les pays de l'Union européenne se sont refusés, jusqu'à présent, à reconnaître un vainqueur. Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a qualifié le gouvernement du président vénézuélien Nicolas Maduro de "dictatorial", lors d'une interview diffusée dimanche en Espagne.
Au Venezuela, plus de 2.000 personnes ont été détenues arbitrairement après les élections. Le chef de l'opposition a dû s'enfuir. Les partis politiques sont soumis à mille restrictions dans leurs activités (...). Comment appelez-vous tout cela ? Bien sûr, il s'agit d'un régime dictatorial (...). Ne nous trompons pas sur la nature des choses. Le Venezuela a convoqué des élections, mais il n'était pas une démocratie avant et il l'est beaucoup moins après.
Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'UE
L’ensemble des Etats membres de l'Union européenne réclament la publication complète des procès-verbaux émis par les bureaux de vote, à l'issue de la présidentielle ; ce que les autorités vénézuéliennes n'ont pas fait, disant avoir été victimes d'un piratage informatique.
Washington est allé plus loin, en reconnaissant Edmundo Gonzalez Urrutia et en annonçant des sanctions contre 16 proches de Nicolas Maduro pour "entrave" au déroulement de la présidentielle.
Des experts de l'ONU ont dénoncé, ce mardi (17 septembre 2024) "l'exercice arbitraire" du pouvoir au Venezuela, où des violations des droits humains, dont des crimes contre l'humanité, sont commises dans le cadre d'un "plan" visant à étouffer toute opposition.
Une élection volée ?
Pour rappel, le Conseil national électoral (CNE) a proclamé Nicolas Maduro vainqueur du scrutin, avec 52% des voix. Mais l'opposition assure, sur la base des procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, qu'Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des suffrages.
La cheffe de l'opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, appelle à une nouvelle manifestation, le 28 septembre, pour exiger la reconnaissance de son candidat exilé en Espagne.
Le 28 septembre, les Vénézuéliens feront grand bruit dans le monde (...) nous élèverons nos voix pour qu'Edmundo Gonzalez soit reconnu par le monde comme président du Venezuela, pour que Maduro comprenne qu'il s'en va, pour les crimes contre l'humanité.
Maria Corina Machado, cheffe de l'opposition vénézuélienne