La crise sanitaire est derriĂšre nous. DĂ©sormais, lâĂ©chiquier mondial se remet en place, sur le front de lâactivitĂ© touristique. Les destinations un temps boudĂ©es reprennent leur place, parmi les zones Ă visiter et aux atouts indĂ©niables ; câest notamment le cas de lâAsie.
La Guadeloupe, en comparaison, est un "petit marchĂ©" qui "rĂ©siste bien", explique le prĂ©sident de la Chambre de commerce et dâindustrie des Ăźles de Guadeloupe (CCI IG).
La Guadeloupe, câest 800.000 touristes, ce nâest pas rien. Avant le Covid, on Ă©tait partis pour faire plus du million de touristes ; on lâavait atteint dâailleurs, puisque câĂ©tait 800.000 touristes, plus 300.000 croisiĂ©ristes. Il faut persĂ©vĂ©rer et il faut quâon se donne plus de moyens, pour ĂȘtre plus offensifs, notamment sur lâAmĂ©rique du Nord.
Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG
Inciter les voyageurs Ă venir dĂ©couvrir la destination Guadeloupe, câest une question de communication, dâoffre de dessertes aĂ©riennes, mais aussi de coĂ»t, notamment des billets dâavion.
Une baisse de fréquentation touristique des ßles de Guadeloupe ?
Selon la plateforme digitale Orchestra, dédiée au secteur du tourisme, les réservations via les agences de voyages ont baissé de 37%, au détriment de la destination Guadeloupe, au mois de mars 2024.
Un chiffre que le ComitĂ© du Tourisme des Ăles de Guadeloupe (CTIG) tient Ă relativiser.
Le baromĂštre mensuel rĂ©alisĂ© pour lâEcho Touristique comptabilise donc les ventes de voyages « packagĂ©s » et ventes de vols secs, rĂ©alisĂ©es majoritairement par les agences de voyages physiques, auprĂšs dâune sĂ©lection de partenaires (...). Les Français prĂ©parent et rĂ©servent leurs vacances majoritairement en ligne (...). La notoriĂ©tĂ© de la destination « Ăles de Guadeloupe » auprĂšs du grand public demeure forte sur le marchĂ© hexagonal.
CommuniquĂ© du CTIG â 12/04/2024.
Le CTIG en veut pour preuve lâaugmentation de 2,84 % du trafic de lâaĂ©roport "Guadeloupe - PĂŽle CaraĂŻbes" en provenance de lâHexagone.
La frĂ©quentation de la plateforme aĂ©roportuaire est, pour le premier trimestre 2024, stable par rapport Ă lâan dernier mais, certes, encore trĂšs en dessous des rĂ©sultats dâavant la crise sanitaire liĂ©e au Covid-19.
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Patrick Vial-Collet, le prĂ©sident de la CCI IG, partage lâavis du CTIG, Ă propos des chiffres diffusĂ©s par Orchestra.
Il faut tempĂ©rer les chiffres. PremiĂšrement, ce ne sont pas les arrivĂ©es, parce que sinon on nâaurait pas eu Ă peu prĂšs le mĂȘme nombre de passager. Ce sont les prises de commandes, câest-Ă -dire quâau mois de mars, en vente en agence de voyages, il y a eu moins 40%. Elles ont Ă©tĂ© beaucoup compensĂ©es par les ventes directes.
Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG
Câest surtout l'aprĂšs deuxiĂšme trimestre qui est Ă craindre, selon le prĂ©sident de la CCI IG, suite Ă la fin de la haute saison touristique. LâactivitĂ© des professionnels du secteur sera ralentie, notamment Ă cause de la hausse des prix des billets dâavion et de la forte concurrence de lâAsie.
Les prix des billets dâavion pointĂ©s du doigt
Une problĂ©matique revient de maniĂšre rĂ©currente : les prix des billets dâavion. Ils sont jugĂ©s exorbitants par les voyageurs, au dĂ©part et Ă destination de la Guadeloupe, territoire insulaire Ă©loignĂ© de la France hexagonale, qui aurait notamment dĂ» bĂ©nĂ©ficier de mesures favorables, au nom de la continuitĂ© territoriale.
Les vols rĂ©gionaux sont aussi impactĂ©s par lâinflation. Comment expliquer, par exemple, quâun billet Pointe-Ă -Pitre/Saint-Domingue coĂ»te plus cher quâun billet Paris/Saint-Domingue ?
Au risque de vous surprendre, je vais reprendre la Direction gĂ©nĂ©rale de lâAviation civile, qui disait que les billets sur les Antilles sont, au regard du kilomĂštre transportĂ©, parmi les moins chers. LâAmĂ©rique du Nord câest Ă peu prĂšs 7 cts/km, nous sommes Ă 5 cts/km, lâAfrique câest 9cts/km. Simplement, quâest ce qui sâest passĂ© ? Le kĂ©rosĂšne a explosĂ© : plus du double. Les compagnies aĂ©riennes nâont pas des rĂ©sultats qui seraient mirobolants et la hausse du tarif nâa pas permis dâengranger des super profits. Non, pas du tout. Une compagnie aĂ©rienne, si elle fait 4 Ă 5% de rĂ©sultat, câest bien. Comprenez-moi : pour un billet dâavion vendu 500âŹ, il y a 20⏠de gain.
Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG
Autre "scoop" du prĂ©sident de la CCI IG, qui impacte les voyageurs de lâarchipel : le kĂ©rosĂšne coĂ»te 25% plus cher en Guadeloupe, par rapport au prix pratiquĂ© dans lâHexagone.
Pour une raison trĂšs simple : on a fait porter une surtaxe sur le kĂ©rosĂšne ici, pour limiter lâaugmentation du prix du carburant des vĂ©hicules et on a reportĂ©, sur les compagnies aĂ©riennes le surcoĂ»t et la hausse des tarifs qui auraient dĂ» ĂȘtre sur lâautomobile.
Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG
Lâoffre de rotations aĂ©riennes sâĂ©toffe dans le ciel antillais
Patrick Vial-Collet se rĂ©jouit, par ailleurs, de lâextension des activitĂ©s de St. Barth Executive. La compagnie aĂ©rienne basĂ©e Ă lâaĂ©roport RĂ©my de Haenen, Ă Saint BarthĂ©lĂ©my, proposera des liaisons rĂ©guliĂšres entre la collectivitĂ© du Nord et Pointe-Ă -Pitre dĂšs demain (lundi 15 avril 2024), puis Ă destination de San Juan (Porto Rico) Ă compter du 16 mai prochain. Dâautres rotations entre les Ăźles des petites Antilles seront par la suite ajoutĂ©es au plan de vols de cet opĂ©rateur.
Câest une bonne chose. Dâabord la nature a horreur du vide et câest vrai que la disparition dâAir Antilles a laissĂ© un grand vide et il manquait cruellement de dessertes aĂ©riennes. Donc, je ne peux que me fĂ©liciter de cette arrivĂ©e et du fait quâil va y avoir des renforcements progressifs des dessertes aĂ©riennes sur San Juan, sur Saint-Barth... les GuadeloupĂ©ens pourront en profiter.
Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG
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Il sâavĂšre quâĂ lâheure actuelle lâoffre est pauvre en matiĂšre dâĂ©changes aĂ©riens entre les Ăźles de Guadeloupe et le reste de la CaraĂŻbe. Il faut souvent faire des escales Ă San Juan, ou encore Ă Saint-Domingue pour rallier certaines destinations ; des trajets coĂ»teux, dans ces circonstances.
La compagnie Air Antilles, objet dâune cession dâactivitĂ© depuis septembre 2023, tentait de relever ce dĂ©fi de relier les territoires de la zone. Mais le repreneur, la nouvelle sociĂ©tĂ© Air Antilles, tarde Ă prendre son envol.
Le moment venu, lorsque lâoffre sera mise en place, il faudra encore encourager les voyageurs Ă se tourner vers les destinations caribĂ©ennes. Le dĂ©fi rĂ©sidera alors dans la pĂ©rennitĂ© de leur frĂ©quentation.
Naturellement, il nây a pas un trafic qui sâĂ©tablit. Il faut renforcer la communication, pour encourager des Ă©changes de personnes, de biens (câest-Ă -dire Ă©conomiques), touristiques, de telle façon que la CaraĂŻbe soit mieux desservie. On en souffre et on repart un peu Ă zĂ©ro, malheureusement. La disparition dâAir Antilles fait que câest un grand pas en arriĂšre.
Patrick Vial-Collet, président de la CCI IG
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INTERVIEW Ă REVOIR/
Le prĂ©sident de la Chambre de commerce et dâindustrie des Ăźles de Guadeloupe (CCI IG), Patrick Vial-Collet, Ă©tait lâinvitĂ© de Yasmina Yacou, dans le journal tĂ©lĂ©visĂ© "Guadeloupe Soir" du samedi 13 avril 2024. Une interview complĂšte que nous vous proposons de (re)voir ci-dessous :