Un décret qui mettra face à face les personnels de santé vaccinés et les anciens suspendus

Au pied du CHUG l'espace des suspendus
Suspendus depuis septembre 2021, les soignants non-vaccinés pourront bientôt être réintégrés. Des discussions ont lieu en ce moment à ce propos. L’instruction est prête. Le Ministre de la Santé François Braun a lui-même indiqué "Je vais la signer en tout début de semaine prochaine. Le décret de mise en application sera pour mi-mai". Pour autant, le véritable enjeu sera de mettre en parallèle les intérêts des deux catégories de personnels. Ce qui ne sera pas une mince affaire.

Après près de 20 mois de suspension, ils vont pouvoir réintégrer leurs fonctions. François Braun a annoncé que les soignants non-vaccinés pourront à nouveau travailler dans leurs services à partir de la mi-mai.

Cette décision intervient après l'avis de la Haute Autorité de santé fin mars qui recommandait de lever l'obligation vaccinale pour les professionnels de santé. Le ministre de la Santé avait assuré qu'il suivrait cet avis.

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Devant le CHUG, sur le lieu de rassemblement des personnels suspendus, les conversations vont bon train. Certes, chacun a bien entendu la nouvelle qui se redit un peu partout depuis quelques temps, mais tous veulent croire que la réintégration ne se fera pas sans une indemnisation qui leur serait versée pour compenser ces 20 mois sans travail qui leur ont été imposés.

CHRISTELLE   CORINNE SOPHIE  ET MICHEL ©Guadeloupe

C'est justement là où le bâ blesse au-dessus. Dans les couloirs de l'établissement hospîtalier, la méfiance est de rigueur. Personne n'ose parler de peur des éventuelles réprésailles.

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Les temps les plus tendus de ce conflit social ont laissé des traces indélébiles. Beaucoup de soignants se souviennent encore des mots et des gestes à leur encontre. Alors aujourd'hui encore, ils préfèrent ne pas dire au grand jour se qu'ils pensent vraiment en se contentant de se réjouir du retour de leurs collègues.

©Guadeloupe


Mais quand on prend le temps de les interroger, de les écouter, d'écouter ce qu'ils préfèrent définir comme la pensée d'un bon nombre, c'est toujours les mêmes choses qui se disent : 

Que nos collègues reviennent travailler au sein de l'hôpital, c'est normal. Qu'ils réintègrent leurs postes d'affectation, c'est encore normal. Mais qu'ils veuillent être rémunérés pour un travail qu'ils n'ont pas accompli au même titre que nous qui avons trimé dur, risqué nos vies, notre santé, nos familles pour permettre au CHU de fonctionner malgré tout, là nous ne sommes pas d'accord.

Soignants vaccinés en fonction

Et certains même ajoutent : " C'était leur choix ils doivent l'assumer aujourd'hui."
Ce refrain revient dans tous les couloirs. Et si beaucoup préféraient ne pas en parler jusque là, à mesure que la probable date de publication du décret pour la réintégration des personnels suspendus se rapproche, ils osent, même à mi-mots, faire entendre les prémices de leur colère.

Pour la direction du CHUG comme celles des autres établissements de santé, il faut pour l'instant procéder par ordre. Des ateliers de travail seront organisés entre toutes les catégories de personnels pour que tous les problèmes que pourraient poser ces réintégrations soient abordés en amont.

©Guadeloupe

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Il n'y aura probablement pas de coups de baguette magique pour en revenir dans les différents établissements de santé à l'avant COVID et ses nombreuses autres conséquences. 
Tout au plus faudra-t-il croire que le bon sens n'est ni sur une rive ni sur l'autre mais au milieu des deux. Et là, nul ne sait encore combien peut mesurer un tel chemin.