Il est le premier inculpé et premier condamné dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat du président haïtien, le 7 juillet 2021. Rodolphe Jaar a écopé de la prison à vie, ce vendredi 2 juin. Une peine prononcée par un juge fédéral, à Miami, en Floride.
Les procureurs américains ont décrit un vaste complot mis en place afin de récolter les fruits de contrats lucratifs sous une nouvelle administration, une fois Jovenel Moïse écarté.
Rodolphe Jaar qui a la double nationalité haïtienne et chilienne, était auparavant un informateur pour le gouvernement américain au sein de la Drug Enforcement Administration qui est une agence fédérale chargée de lutter contre le trafic et la distribution de drogues aux États-Unis. Il y a une dizaine d'années, il avait été reconnu coupable de trafic de drogue.
Le 24 mars dernier, à Miami, l'homme avait plaidé coupable d'association illégale en vue de commettre un assassinat ou un enlèvement à l'étranger, reconnaissant également un "soutien matériel" au commando qui avait assassiné le président haïtien.
Il écope donc de la peine maximale prononcée par le juge fédéral José E. Martínez, malgré son plaider-coupable et la promesse de coopérer avec les enquêteurs dans cette affaire, dans l'espoir d'une peine plus clémente.
Jovenel Moïse a été tué en juillet 2021 par un commando de mercenaires colombiens dans sa résidence privée de Port-au-Prince sans que ses gardes du corps n'interviennent.
Selon l'accusation, Rodolphe Jaar avait logé et armé les membres de ce commando. Il avait admis avoir fourni "des ressources, en particulier du personnel, des fonds, du matériel et des services". Tout en sachant le dessein de cette logistique. Il a également approvisionné les co-conspirateurs, en vivres, logement, et autres. L'individu a aussi servi de banque... L'argent utilisé pour corrompre des fonctionnaires haïtiens responsables de la sécurité de Jovenel Moïse et permettre ainsi aux mercenaires d'avoir accès au président.
En février, le procureur de Floride Markenzy Lapointe avait annoncé, lors d'une conférence de presse l'arrestation de quatre autres suspects, dont le Vénézuélien Antonio Intriago et le Colombien Arcangel Pretel Ortiz. L'enquête américaine avait révélé que ces deux hommes, à la tête de la société de sécurité CTU à Miami, avaient prévu de séquestrer Jovenel Moïse pour le remplacer par un Américano-Haïtien, Christian Sanon.
Dix autres prévenus attendent leur procès aux Etats-Unis. Ils sont attendus à la barre à partir du mois de juillet.