Triste constat en Martinique : les sargasses sont de retour sur les littoraux de l’île ; pour le moment, c’est le Nord Atlantique qui est le plus impacté par les échouements de ces nuisibles algues venues de la mer. La Guadeloupe quant à elle est épargnée, pour l’heure, mais on peut craindre que ce phénomène, récurrent depuis 2011, atteigne également les côtes de l’archipel, prochainement.
Dans ce contexte, la connaissance sur ces algues s’enrichit, avec une étude comparée in situ et ex situ, menée par des scientifiques Mexicains. Leur publication porte sur la croissance des sargasses ; une approche spécifique, pour décrypter les épisodes d’efflorescence récurrents, qui occasionnent les échouements que nous subissons depuis près de 12 ans.
Comment poussent les algues dans leur milieu naturel et quels facteurs influent sur leur croissance ? Répondre à ces questions est une étape capitale dans la compréhension du phénomène qui nous impacte de loin en loin.
La grande ceinture de sargasses de l’Atlantique Nord est essentiellement constitué de deux espèces d’algues brunes : Sargassum Natans (ou S. Natans) et de Sargassum Fluitans (ou S. Fluitans). Les chercheurs se sont attachés à décrire la croissance de ces morphotypes, à la fois en milieu naturel reconstitué et dans des systèmes de culture plus standards.
Il en ressort que les sargasses de l'espèce S. Natans, dites à feuille étroites, affichent un taux de croissance in situ bien plus élevé que pour S. Fluitans, les sargasses à longues feuilles. Ce taux est pratiquement multiplié par deux, dans les conditions étudiées et dans des températures comprises entre (27-29°C). Et lorsque l’on joue sur ce dernier facteur, dans les essais ex situ, les algues brunes à feuilles étroites ne répondent pas favorablement, contrairement à celles à longues Feuilles.
Autre constat surprenant : l'ajout d'engrais aux essais in situ n’entraine pas de taux de croissance plus élevés. L'analyse du contenu des tissus a pourtant montré que les algues ont bien absorbé l’Azote et le Potassium.
Il reste donc encore beaucoup à faire, mais cette publication valide un principe essentiel : les cultures in situ et ex situ sont désormais faisables et maitrisées. Cet élément est jugé indispensable, pour continuer ces travaux, comprendre les dynamiques qui entrent en jeu et y remédier, à terme.