Washington appelle à renforcer les sanctions contre les gangs en Haïti

Policiers haïtiens patrouillant sur le Champ de Mars, à Port-au-Prince, Haïti, le 24 avril 2024
Parce que les membres des gangs en Haïti se sont rendus responsables de moults atrocité, ils doivent être sanctionnés, plaident les Américains cette semaine. Mais les Etats-Unis sont, dans le même temps, pointés du doigt pour être l’un des principaux fournisseurs des armes illégales qui circulent dans le pays caribéen exposé à la violence des bandes armées.

Les Etats-Unis ont appelé mercredi (03 juillet 2024) au renforcement des sanctions contre les gangs en Haïti, l'Organisation des Nations Unies (ONU) dressant un tableau toujours aussi sombre, malgré l'arrivée d'un premier contingent kényan d'une force multinationale de sécurité.

Les fauteurs de trouble bientôt sanctionnés ?

Lors d'une session du Conseil de sécurité de l'ONU, l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a déclaré que la communauté internationale devait exiger que les gangs "rendent des comptes pour les atrocités passées".

Ce Conseil doit envisager des sanctions à l'encontre des individus et des entités responsables ou complices d'actions qui menacent la paix et la sécurité en Haïti.

Linda Thomas-Greenfield, diplomate américaine

Le Kenya a envoyé un premier contingent de policiers à Haïti, le 25 juin dernier, dans le cadre d'une force multinationale de sécurité. Cette mission, à laquelle les Etats-Unis ont apporté un soutien logistique, est censée épauler la police haïtienne dans la lutte contre les bandes armées qui terrorisent la population.

Des armes illégales venues... des Etats-Unis

Les Etats-Unis représentent l'une des principales sources d'armes illicites, dans le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental, où des gangs ont pris ces dernières années le contrôle de vastes étendues de territoire. Selon Mme Thomas-Greenfield, l'administration du président Joe Biden s'attaque à ce problème, en mettant en place un système de suivi du trafic d'armes et de vérification des antécédents aux Etats-Unis.

Nous invitons les Etats membres à se joindre à nous et à prendre des mesures pour renforcer les mécanismes d'application.

Linda Thomas-Greenfield, diplomate américaine

La Chine, qui soutient les efforts de l'ONU mais se montre mal à l'aise en raison de la reconnaissance de Taïwan par Haïti, a pris à partie les Etats-Unis.

La Chine appelle à une mise en œuvre effective de l'embargo sur les armes, décrété par le Conseil de sécurité à l'encontre d'Haïti. Nous exhortons les Etats-Unis à renforcer leur contrôle sur les armes et les munitions.

Fu Cong, diplomate chinois

S'adressant également au Conseil, l'émissaire spéciale de l'ONU pour Haïti, Maria Isabel Salvador, a mis en garde contre la violence aveugle des gangs, qui s'étend au-delà de la capitale Port-au-Prince. Quelque 578.000 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, soit une augmentation de 60% depuis le mois de mars, et seulement 20% des établissements de santé fonctionnent normalement, a-t-elle dit.

Les violations des droits de l'Homme et les abus ont persisté à des niveaux alarmants.

Maria Isabel Salvador, émissaire spéciale de l'ONU pour Haïti

Un renforcement rapide de la force multinationale ?

Le nouveau Premier ministre haïtien Garry Conille, en visite à Washington, a promis, mardi, des actes et de la "transparence" à la population, excédée par des décennies d'instabilité, tout en jugeant la situation "extrêmement complexe".
Il a aussi affirmé s'attendre à ce qu'un deuxième contingent de la force multinationale d'appui à la police arrive "très vite".

Ça va se faire très vite. On peut voir déjà dans les prochaines semaines qu'on aura un deuxième contingent (...). Je peux déjà vous assurer qu'il y a une bonne planification qui se fait, pour pouvoir progressivement renforcer la présence des contingents qui sont déjà sur le territoire national

Garry Conille, premier ministre haïtien

Quant au nombre d'hommes attendus, Garry Conille a préféré ne pas donner de détails "pour des questions de sécurité".