Le 11 novembre 1918 du jeune conscrit guyanais Gaston Saint-Julien

Gaston Saint-Julien, blessé à la fin de la guerre 14-18
Nouvelle célébration de l'armistice du 11 novembre 1918 et Yolande Lama née Saint-Julien, 87 ans, se souvient de son père Gaston Saint-Julien. Un Sinnamarien parti à la guerre en 1916 à 20 ans. Le 11 novembre 1918, ce militaire a vécu une aventure impérissable qu'il a raconté à sa fille. 
"Le 11 novembre me fait penser à tellement de choses, cela me ramène à mon papa. Il nous a raconté ce qui lui est arrivé le 11 novembre 1918... " et avec la précision qui la caractérise dès qu'il s'agit d'évoquer sa famille et l'histoire de la Guyane, Yolande déroule sa narration.


Un jeune homme de Sinnamary

"Mon père Gaston est né à Sinnamary au mois de mai en 1896. Comme cela se faisait à l'époque, il a fallu qu'il vienne à Cayenne pour aller au collège. Il est alors venu en pension chez une cousine qui habitait rue Justin Catayé, cinq maisons avant la place des Amandiers. Juste à côté, se trouvait la maison Monnerville. Il est devenu l'ami de Gaston Monnerville qui est aussi devenu mon parrain. Ils ont fait leurs classes ensemble jusqu'à la 3e. A ce moment là Monnerville a passé un concours afin d'obtenir une bourse pour poursuivre sa scolarité en Métropole et passer le baccalauréat. Il n'y avait pas encore de lycée en Guyane. Mon père, lui, a repris le chemin de Sinnamary pour travailler avec son père à la production d'essence de bois de rose.


Le 11 novembre 1918, blessé et à l'hôpital de Lyon 

La guerre éclate en 1914. Comme d'autres jeunes gens, mon père est appelé à l'âge de 20 ans. Jeune conscrit, il prend le bateau pour la France en 1916. La guerre était terrible : il est gazé et blessé. Quand arrive la fin du conflit, il est blessé à Lunéville sur le champ de guerre. Il est transporté à l'hôpital à Lyon. Dans sa chambre, il se retrouve avec un autre grand blessé, un jeune homme, qui, lui, avait des parents qui venaient le voir régulièrement. Le 11 novembre, ils lui rendent visite, tout se passe bien. Ils partent et à peine arrivés à la porte de l'hôpital, le soldat pousse un grand cri et meurt.
Mon père est choqué et s'évanouit. On vient chercher le corps du défunt. Mon père ne bougeant pas, on le croit mort et les brancardiers emmènent les deux corps à la morgue.
C'est finalement une bonne soeur qui se rendra compte que Gaston respire. On le sort et on le soigne. Comme d'autres soldats, il aura une marraine de guerre, elle s'appelait Mme Gilot, une bonne amie du maire Edouard Herriot. Sans doute une bourgeoise, précise Yolande.
Mon père est revenu en Guyane en 1920. Gazé, blessé, il a gardé une cicatrice au nez qui est resté un peu crochu. Il a été décoré de la médaille militaire. Il est retourné à Sinnamary puis est revenu à Cayenne où il a trouvé un emploi au service des spiritueux qui contrôlait les alcools fabriqués sur place.
En 1923, il en a assez et décide de s'engager pour être militaire de carrière. Il ira notamment en Indochine où il se mariera à Hanoï en 1929 avec ma mère Odette Mignerat qui fera deux mois de voyage pour le rejoindre.
Ils reviendront en Guyane en 1929 et moi je naîtrai en 1932".
Gaston Saint-Julien lors de la visite du Général de Gaulle à Cayenne en 1958 devant le siège des anciens combattants. 
 

L'épisode de l'hôpital raconté par Yolande Lama