Procès CCOG : l'entrepreneur François Combelles confirme les "pots de vin"

Au 4ème jour du procès de l'affaire des marchés présumés illégaux de la CCOG, de la SENOG et de la Mairie de St Laurent, l'entrepreneur François Combelle a confirmé les propos tenus durant l'instruction sur des "pots de vin" présumés remis à Léon Bertrand ou ses collaborateurs,.
Hier matin, devant les juges, l'entrepreneur François Combelle a utilisé une métaphore pour évoquer le caractère quasi "obligatoire" selon lui du versement des pots de vins présumés pour un entrepreneur travaillant ces années là avec la CCOG ou la SENOG. "Quand je rentre sur l'autoroute, je prends un ticket, et quand je sors, je dois payer". Autrement dit, "on n'a pas le choix, c'est comme ça. Jusqu'en 2008, AMG, sa société, a réalisé pour six millions et demi d'euros de chiffres d'affaires avec la CCOG ou la SENOG, construisant notamment le siège administratif de la CCOG à Mana et des écoles à St Laurent, grâce à un concept de construction modulaire, rapide à mettre en oeuvre et moins coûteux que le procédé traditionnel. Durant l'instruction, François Combelles avait évoqué près de 500 mille euros versés en espèces à Léon Bertrand ou à deux de ses collaborateurs, y compris un prêt de l'assemblée nationale pour des travaux d'extension de la maison du député de l'époque. Ce prêt à taux préférentiel a été débloqué par l'assemblée nationale sur la base d'une facture établie par la société AMG de Combelles, qui n'a pas fait les travaux, mais a reversé la somme à Léon Bertrand - en prélevant 10 %, pour les impôts et taxes, lequel a ensuite fait exécuter les travaux par des petits artisans, selon l'enquête. "Le prêt a été remboursé par Léon Bertrand sur ses indemnités parlementaires", pense l'entrepreneur. A l'arrivée, Combelles parle donc plutôt de 360 mille euros de "pots de vins", versés à Augustin To-Sah Be-Nza, l'ancien directeur général de la CCOG, et à Guy Le Navennec, l'ancien directeur général de la SENOG, des sommes destinées au final à Léon Bertrand, selon le chef d'entreprise.
 

"Combelles est un menteur"

Les 17 et 18 mars 2009, placé en garde à vue à Fort de France, Augustin To-Sah Be-Nza, le directeur général de la CCOG, pour la première fois, donne des détails sur le "système Bertrand", de versements de pots de vins, selon le dossier d'instruction. Deux mois plus tard, le domicile kouroucien de François Combelle est perquisitionné, puis il est placé en garde à vue. Dans un premier temps il nie, mais mis au courant des déclarations du directeur général de la CCOG, il se met à table, sur les conseils de son avocat. "Ca a été très dur pour mois d'incriminer des gens que j'appréciais et avec qui je travaillais bien, mais je n'avais pas le choix, To-Sah avait tout dit", a t-il déclaré à la barre du tribunal. Augustin To-Sah Be-Nza était revenu au cours de l'instruction sur ses déclarations, faites selon lui sous la pression des policiers et du procureur. Lundi, à la barre, l'ancien directeur général a indiqué que les policiers avaient "inventé" tout ça, sur la base d'un courrier anonyme de 2006 et des déclarations antérieures du responsable des services techniques, José Félix. Pour Léon Bertrand et ses proches, Combelles est un menteur, il n' y a pas de pots de vins, mais un homme qui cherchait à cacher au fisc des fonds soustraits à sa propre société, en passant par un compte aux Etats-Unis, puis des comptes au Luxembourg. A l'évocation de ses comptes luxembourgeois, l'entrepreneur est apparu mal à l'aise, rappellant que ce volet "n'était pas concerné par les poursuites qui l'amenait devant ce tribunal". L'avocat général a indiqué que le dossier avait été transmis à l'administration fiscale. Interrogé par les juges et les avocats de Léon Bertrand, Augustin To-Sah Be-Nza et Guy Le Navennec, François Combelles s'est aussi embrouillé dans les dates de trois versements de pots de vin présumés à Paris - il a été cambriolé deux fois, dit-il et on lui a volé de l'informatique, mais il maintient l'existence de ces versements, disant bien se souvenir des lieux et des "intermédiaires" : notamment 7500 euros en espèces remis à Augustin To-Sah Be-Nza dans un "bistrot en face des Galeries Lafayette", 30 000 euros remis à nouveau à To-Sah Be-Nza dans un restaurant de l'aéroport de Roissy, et enfin 50 000 mille euros déposés dans la boite à gant de la voiture de Guy Le Navennec, devant le ministère du tourisme, lors d'un rendez-vous pour aller déjeuner. "Il n'y avait pas de doute que ces sommes étaient destinées à Léon Bertrand", a indiqué François Combelles. Les intéressés ont démenti catégoriquement devant les juges les propos de l'entrepreneur, qui se dit aujourd'hui à la retraite, à Macapa, au Brésil.