"Notre vie à la Mâtine", Digue Leblond

Elton, François et Briana
Digue Leblond lieu dit "La Mâtine" est un quartier de la périphérie de Cayenne. Il souffre d'une réputation sulfureuse liée à son implantation dans une zone à l'origine insalubre en proie à la pauvreté et à la violence. Mais depuis quelques années l'atmosphère change et la vie sociale s'apaise. 
La petite église "L'Assemblia de Deus" juste à l'entrée de la "Matinha Nova" semble apporter sa protection à ce quartier typique où vivent  80 familles d'origine diverses. Implanté aux portes de Cayenne sur des terrains marécageux près de l'ancienne usine électrique, La Mâtine, Digue Leblond accueille une population cosmopolite en majorité d'origine brésilienne de près de 800 personnes.  Parmi elles, de nombreux "djobeurs" qui travaillent dans le bâtiment, des pêcheurs, des mères au foyer et beaucoup d'enfants.
Helan da Silva Loredo, 37 ans, y habite depuis toujours.  Il aime sa vie dans ce lieu, il y a sa famille et ses amis. Tout n'a pas toujours été rose pour cet homme . A 20 ans, il a connu une période difficile et a eu des ennuis avec la police mais il s'est assagi. Depuis 17 ans , il travaille à la société guyanaise des eaux, aujourd'hui père de 3 enfants, il est propriétaire de sa maison à la Mâtine.

Helan présente son quartier

Helan da Silva Loredo


En décembre 2013, Helan a vécu un drame familial après la perte brutale de son frère Gerlan Carlos Baptista da Silva tué lors d'une intervention policière devant un bar route Tarzan. Au mois de janvier 2014 avec d'autres habitants, il crée l'association sportive et culturelle "Kouté Mo" pour se faire entendre des autorités et surtout aider les nombreux jeunes de son quartier.
L'association organise des animations, des rencontres. L'année dernière, il y a eu une remise de  récompenses pour les 6 jeunes bacheliers de la Matîne. Au carnaval 2015, l'association a participé au concours Mizik Lari avec des tambours empruntés à d'autres groupes, en 2016, ils auront les leurs.  A Pâques, les habitants se sont réunis autour du traditionnel bouillon d'awara et pour la Saint Jean au mois de Juin, il y aura un mini festival de danses folkloriques d'Amazonie. Car, selon Helan, il faut que les jeunes connaissent un peu mieux leur culture brésilienne.
Tout cela est possible grâce aussi à l'aide de la Municipalité de Cayenne qui leur a installé un terrain de football inauguré au mois de février 2015. Il ne manque plus que les filets de protection. Mais déjà , les jeunes y jouent toute la journée à tour de rôle.

Helan : il faut empêcher les jeunes de dériver!

Helan 2

A la Mâtine, les jeunes enfants sont nombreux. Leur activité principale quand ils ne sont pas à l'école, c'est de jouer au football, les garçons comme les filles. Autrement ils jouent à "touche touche" disent François, 14 ans et Briana, 9 ans ou encore aux billes. Des jeux simples dont ils semblent se contenter. Ils ont des rêves, devenir militaire ou médecin.

Elton, François et Briana, enfants de Guyane habitant la "Matinha Nova"

Les enfants de la Mâtine


Helan, le regard lointain, parle vite, il ne cache pas une réalité, celle qui rôde constamment dans un quartier où sévissent aussi les dealers, les toxicomanes et autres hors la loi. Avec eux aussi, il faut parlementer et surveiller sans cesse pour qu'ils ne réinvestissent pas la Mâtine. Dans le même temps, il faut continuer à gérer les adolescents et jeunes adultes, leur apporter des réponses, des occupations, de l'espoir.

18h30, les femmes sont devant leurs maisons, parlent entre elles. Les enfants courent, crient, une autre équipe de foot a investi le terrain. La Matinha Nova, Digue Leblond donne l'image paisible d'un quartier où malgré les vicissitudes règnent une certaine joie de vivre et l'esprit d'entraide.