Wayabo, la vie autrement

Les champs de Wayabo
Un homme est tué, lors d'un braquage, sur une exploitation agricole. La scène s’est produite le 20 janvier quartier Wayabo à Kourou.  Si la vie reprend son cours, l’émotion reste vivace chez les agriculteurs, ce crime met en lumière toutes leurs difficultés de vie et de travail.
Thibault Laget, vit à Wayabo où il a acquis il y a 2 ans  avec deux autres associés une parcelle de 95 hectares.  Éleveurs de caprins, lui et ces confrères cultivent aussi des produits maraîchers. Ils vivent à leur manière le contrecoup de l'agression mortelle du 20 janvier. 
"Ici, on n’est même pas à 800 mètres des lieux du drame. On se connaît tous dans ce quartier agricole, et on est tous contraints aux mêmes problématiques. Démarches d’installations compliquées, acheminement d’électricité quasi inexistante ou encore voiries défoncées. Tous, on se rencontre quand on peut pour faire évoluer certains dossiers.
À titre d’exemple, on a posé cette semaine les panneaux sur la route, avant ça on en avait pas. Donc quand on appelait la gendarmerie pour dire qu’on s’était fait cambrioler, il fallait aller les chercher à l’entrée du lotissement pour les amener jusqu’à chez nous. Ce n’est pas un moment où on a envie de quitter sa ferme pour aller chercher les gendarmes » explique Thibault Laget.
Si les agressions à répétition dans le quartier font de nouveaux les choux gras de la presse, cette réalité, Thibault dit l’avoir toujours connue, et il ne l’a jamais occulté quand il a pris la décision de venir s’installer à Wayabo.
"De toutes les façons, on sait que l’on va être loin des choses. Que l’on a du matériel qui intéresse d’autres personnes notamment les orpailleurs. On est au courant de ces choses là (…) c’est rare que les vols portent sur des personnes.

Trop isolés pour espérer un secours

L'agriculteur continue son récit : " Le soir on vérifie que tous les fusils marchent. On vérifie que les cartouches soient bien placées là où on en a besoin. On vit avec, mais en même temps, je ne suis pas entraîné au maniement des armes car je ne suis pas là pour me défendre. Mais clairement si des gars se mettent à rentrer pour assassiner des personnes sur les fermes, la réponse sera horrible. On sera face à un dilemme terrible : tirer sur les gens ou pas.
L'agriculteur serait pourtant prêt à le faire : "Si notre vie est en danger à ma compagne et moi, la question ne se posera même pas." 
Thibault trouve ses paroles horribles, il aimerait ne pas avoir à les prononcer. Mais il est trop loin de tout, trop loin pour espérer un secours de quelqu’un d’autre que lui-même.