[8 mars] Agent d’entretien : un métier invisibilisé mais indispensable, le témoignage de Gisèle B.

Le chariot de l'agent d'entretien
C’est un métier qui s’exerce en toute discrétion voire en toute invisibilité, celui d’agent d’entretien. Ces personnes travaillent, le plus souvent, pour des sociétés prestataires de services. Ces agents d'entretien ont une mission essentielle, celle de briquer et garder propres les locaux des entreprises clientes. Gisèle B. nous a confié son ordinaire.

En France, une récente et très intéressante étude de la "Fondation Travailler autrement"  apporte des informations essentielles sur les travailleurs dits « Invisibles ». Ils seraient 13 millions soit 44% de la population active. Entre dans cette catégorie, un panel de métiers : livreurs, aides à domicile, agents d’entretien, transporteurs, aides-soignants, caristes, caissières, vigiles, serveurs ou encore aides agricoles.

Entre autres informations, il apparait que les femmes sont les plus représentées dans les services aux ménages et elles n’ont que peu de perspectives d’évolution.

« … Ce métier est important parce qu'il est utile aux autres »

Elle fait partie de cette catégorie d’employés qui travaillent dans l’ombre. Gisèle B. est agent d’entretien depuis 10 ans. En souriant, elle déclare : « Il y a des sots gens mais pas de sot métier »
Cette femme de 41 ans parle avec chaleur de son métier qui l’a fait vivre et lui permet d’élever, seule, ses 4 enfants. Elle peut déjà s’enorgueillir de la réussite de ses deux ainées. L’une travaille dans une administration et l’autre, à 19 ans, termine un cursus d’infirmière. Son attention se concentre maintenant sur ses deux derniers encore collégiens.

D’origine haïtienne, Gisèle est arrivée en Guyane à l’âge de 14 ans. Après le collège, une fois en possession d’un titre de séjour, elle a pu effectuer des formations en cuisine, un secteur qui l’intéressait.

« J’ai beaucoup galéré pour avoir des papiers mais maintenant je suis agent d’entretien depuis 2012 en CDI. A force de faire ce métier, je l’aime car j’aime tout ce qui est propre ! Mais c'est un métier difficile et physique, il y a beaucoup à faire. Ce métier est important parce qu'il est utile aux autres. C’est dommage, il n’est pas reconnu. »

Elle ne se plaint pas de ses conditions actuelles de travail. Depuis 2015, elle est affectée à une seule entreprise où elle effectue 2 services par jour, le matin dès 6h et le soir à 18h. Cela lui permet de gérer au mieux ses différentes tâches et elle n’est pas loin de son domicile, ce qui est un avantage. Auparavant, il lui fallait aller à plusieurs endroits, parfois très distants les uns des autres (sans compensation financière). Cela accentuait sa fatigue journalière.
Avec le temps, Gisèle a su se fondre dans son environnement professionnel et répondre ainsi aux recommandations de discrétion et d’efficacité. 

Gisèle B. a aussi travaillé dans le secteur de l’hôtellerie. S’occuper de la préparation du petit déjeuner dès 4h30 du matin, du ménage des chambres, du repassage et autres tâches et tout cela à un rythme effréné et dans une mauvaise ambiance, l’ont découragée. Elle n'a pas poursuivie dans cette voie.

Si, certains de ses collègues, ont honte de ce métier, elle leur rappelle que faire le ménage lui permet d’élever ses enfants.
Elle souhaite maintenant être formée pour devenir cheffe d’équipe. En cela, elle est soutenue par sa fille aînée qui lui enjoint régulièrement de faire des efforts pour « monter ».

Seule ombre persistante, un salaire au niveau du Smic qui n’évolue guère et sans prime, (1200 à 1300 euros mensuels). Avec un loyer de 690 euros, il arrive plus souvent que rarement que la famille connaisse des fins de mois de difficiles.
Pour compléter ce revenu, Gisèle effectue, parfois, des ménages pour des particuliers.