Les Abandonnés de la République : un livre pour entendre la voix des Amérindiens de Guyane

"Les Abandonnés de la république" c’est le titre d’un livre sorti chez Albin Michel. Il fait un état des lieux de la situation des Amérindiens de Guyane. Une enquête menée par trois journalistes. L’ouvrage est sorti en 2014 et depuis, rien de bien nouveau.
 

Ce livre se lit comme un roman. Un roman empreint d’émotions, parfois de tristesse, car le constat est clair : les Amérindiens de Guyane sont victimes, depuis des siècles, de cruelles injustices.


Des investigations fouillées


"Les Abandonnés de la République, vie et mort des Amérindiens de Guyane française" sorti chez Albin Michel a été écrit par trois journalistes : Alexandra Mathieu, Yves Géry, et Christophe Gruner. Ils ont interrogé 43 personnes de tous milieux et en lien direct avec la communauté Amérindienne. Des personnalités telles André Cognat, des chercheurs comme Marie Fleury ou des représentants de la communauté tels Alain Mindjouk ont donné leurs versions de l'histoire contemporaine des Amérindiens. Ils ont visité des villages, rencontré les autorités coutumières, recueilli des témoignages. Une histoire d'hommes et de femmes tranquilles, ancrés dans des traditions millénaires, désarmés face aux manipulations et calculs des colonisateurs. Deux mondes qui s'affrontent.


Rien n'a changé


L’objectif de cette enquête est de raconter l’histoire, de comprendre la situation des Amérindiens d’hier et d'aujourd'hui. Ce livre écrit en 2014, à l’époque, avait sensibilisé l’opinion.
En 2018, rien n'a changé ou si peu... L’ouvrage détaille les maux dont souffrent les Amérindiens. D’abord la colonisation, un véritable bouleversement pour ce peuple pacifique…puis  les conditions de vie actuelles dans les villages enclavés, des conditions déplorables, indignes de la République… évidemment la contamination silencieuse au mercure, provoquée par l’orpaillage illégal et enfin l’épidémie de suicides. Le suicide en guise de révolte silencieuse. La mort pour dénoncer l'inadaptation aux codes de la société occidentale. Une jeune Amérindienne s’est d'ailleurs suicidée la semaine dernière. Et tant d'autres souffrances, de chocs culturels.

Le livre ne laisse pas indifférent et provoque chez le lecteur un profond sentiment de malaise. Cette enquête se lit comme un roman, au très mauvais scénario, et pourtant...Ce sont des faits, rien que des faits.

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Et aujourd'hui , 4 ans après qu'en est-il ?
Aujourd’hui, la communauté Amérindienne ne cesse de dénoncer et revendique ses droits. Elle s'est levée. Une voix audible car l’Accord de Guyane, l’an dernier, prévoit de lui rétrocéder sur le papier 400000 hectares.
Il existe des associations telles la FOAG, fédération des Organisations Autochtones, ou la JAG, jeunesse Autochtone de Guyane.
Autre instance : le conseil des populations Amérindiennes et Bushiningue existe depuis 2008, et depuis l’an dernier a été transformé en Grand conseil Coutumier. Des structures d'Etat, censées faire entendre la voix des populations autochtones.
De plus, depuis 8 ans chaque année, se tient en Guyane, la journée internationale des Populations Autochtones. Une journée pour ne pas oublier et construire l'avenir.
En outre, les Amérindiens, prennent part activement aux grands débats qui secouent la société guyanaise actuellement : le méga projet de Montagne d’or notamment. Ils sont contre dans leur grande majorité.
Pour le reste, l'Etat est souvent pointé du doigt malgré la lutte contre l'orpaillage illégal, l'aménagement des villages ou encore la création du Parc Amazonien qui sacralise les zones de vie amérindiennes. 
Enfin, la France est régulièrement mise en cause au niveau international pour son manque de reconnaissance des populations autochtones. Le chemin est encore long...