Abolition de l'esclavage (2/5) : la traite négrière sur le plateau des Guyanes

Les chaînes briseés
L'esclavage sur le plateau des Guyanes a eu des traitements différenciés. En Guyane, à l’abolition, 13 100 esclaves étaient installés sur le littoral. Au Surinam, au Guyana et au Brésil, ses voisins, ils étaient des dizaines de milliers. En cause : le manque d'attractivité du pays.
C’est en 1643, que l’esclavage est introduit en Guyane. Auparavant, plusieurs tentatives de peuplement ont été des échecs. Les dominations anglaises, portugaises et hollandaises puis définitivement françaises se sont succédées.
La terre guyanaise a la réputation d’être hostile. La colonie est pauvre et ses habitants n’ont pas les moyens financiers d’accueillir cette main d’ œuvre docile et servile. De plus, l’abord des côtes n’est pas facile. Les vents contraires et les mauvaises infrastructures d’accueil n’encouragent pas l’accostage.
Les négriers ont peur de perdre leur précieuse cargaison. Les colons estiment que les prix sont trop élevés et les négriers,eux, le coût de revient trop bas pour les risques encourus.
Jacqueline Zonzon historienne

Jacqueline Zonzon historienne :

"Les colons de guyane sont pauvres. Ils travaillent très longtemps sur les terres hautes. Ils n'ont pas les moyens d'acheter énormément d'esclaves. Alors qu'ailleurs la culture se fait sur les terres basses. A ce moment là, nos voisins ont besoin d'énormément de main d'oeuvre pour travailler sur les polders. La Guyane est la colonie la moins developpée par la France. La France privilégie Saint Domingue et les Antilles. En Guyane, le nombre d'esclaves atteindra 20 000 en 1820, et puis à l'abolition en 1848, ils seront 13100". 


Le Brésil terre d'esclaves

En revanche pour les plus proches voisins géographiques de la Guyane -le Surinam, la Guyane britannique et le Brésil- au 16è siècle, la traite négrière atteint son apogée. Le Portugal a été la première puissance occidentale à adhérer à ce nouvel ordre économique. Le Portugal a transporté au Brésil plus de 5 millions d'esclaves.
L’Angleterre, elle, aurait déporté 3 millions d’Africains. La France plus de 1,3 millions, principalement vers les Antilles françaises. Enfin, les Pays-Bas, 500 000 notamment au Surinam, ainsi que les Canaries, Madères et les Açores.
Mais c'est au Brésil en Amérique du Sud que la traite prend des proportions phénoménales. 
Jacqueline Zonzon  confirme : 

"Au Brésil aujourd'hui il y a une forte population noire d'origine africaine avec sa culture et son histoire. Là aussi se pose la question de la reconnaissance de la place complète et égale des populations noires avec les autres citoyens. La traite a été particulière car c'était une traite en ligne droite, les négriers portugais allaient directement au Brésil. C'est un sujet de recherche historique extrémement intéressant pour les chercheurs." 


La Guyane hollandaise scindée en deux 

Au Guyana, sous dominance hollandaise dès la fin du 16è siècle, la puissante compagnie des Indes occidentales gère l’économie de l’île. En 1831, le pays repasse sous le giron des britanniques. Lors de l’abolition de l’esclavage en 1838, 83 000 esclaves sont libérés.
La compagnie des Indes occidentales était également implantée au Surinam au 17è siècle. Cette compagnie avait ses propres navires négriers et dès 1602, avait mis en place une route de l’esclavage. Au Surinam, on évoque les chiffres de 300 000 esclaves déportés durant le temps de la traite. L’abolition a eu lieu en 1863.

La résistance : du Surinam à la Guyane française

La forêt amazonienne et le faible nombre de soldats européens dans les Guyanes permirent la constitution, dès le 17è siècle, de communautés de nègres rebelles, en résistance. En 1749, ceux qui s’étaient établis le long des rivières Saamaka et Suriname, en Guyane hollandaise, obtinrent une reconnaissance d’indépendance de la part des autorités coloniales. Ils prirent le nom de Saamaka. En 1760, un traité identique reconnut les Djuka, retirés le long de la Djuka Creek.
En 1772, Boni partit en guerre contre les Hollandais. Une guerre violente qui le contraint à franchir le Maroni pour s’établir en territoire français. La communauté appelée aujourd'hui Boni fut reconnue en 1860 par une convention franco-hollandaise.

Les explications de Jacqueline Zonzon historienne :