La France et le Suriname viennent de parvenir à un accord permettant de définir avec précision le tracé de leur frontière commune. Des négociations qui se sont accélérées suite à une série d’incidents frontaliers.
La France et le Suriname viennent de parvenir à un accord permettant de définir avec précision le tracé de leur frontière commune. Des négociations qui se sont accélérées après la crise diplomatique déclenchée en 2018, suite à une série d’incidents frontaliers survenus dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage illégal.
Un nouveau tracé
En 2018, une opération militaire de lutte contre l’orpaillage illégal déclenche une nouvelle crise diplomatique entre la France et le Suriname. Pour mettre fin à ces dérapages, les deux pays décident alors de définir clairement le tracé de leur frontière commune. Un accord a été rédigé lundi.
« Nos forces de l’ordre, la justice française même, ne savait pas dès lors qu’il s’agissait d’activité sur les îles du Maroni et de la Lawa si nous étions en France ou au Suriname ».
Sur les 950 îles concernées au sein de cette zone frontalière, une quinzaine a fait l’objet de discussions intenses.
« Alors maintenant, il y a quelques îles qui passeront du côté du Suriname, notamment la fameuse île Jamaica, une partie du Lawa, une partie de Stoelman Island. Bon, ce sera avec le temps puisque nous avons des contribuables français sur les îles également, nous avons ces enfants qui viennnent dans nos collèges, nos lycées… Bon, ça va se réguler avec le temps »
Un peu d'histoire
La frontière actuelle découle d’un arbitrage entre la France et les Pays-Bas, effectué par la Russie à la fin du 19e siècle.
« A cette époque, 1891, le tsar a décidé que la frontière entre la Hollande – les Pays-Bas – et la France serait la Lawa et non pas le Tapanahoni, sans préciser où serait cette frontière sur le fleuve et sans préciser la souveraineté sur les 950 îles du Maroni et de la Lawa ».
La convention de Paris signée en 1915, reposant sur la notion de ligne médiane pour départager les îles fluviales entre les deux territoires, a ajouté encore plus de confusion.
« Par exemple entre Saint-Laurent et Albina, il n’était pas possible de pouvoir dire où était la frontière : soit le talweg, la partie navigable qui est plutôt du côté de Saint-Laurent, soit la rive française, soit la rive surinamaise, soit le milieu du fleuve ».
Une frontière commune
La frontière est désormais précisément tracée de l’estuaire du Maroni jusqu’à la confluence du Litany et du Marouini. Elle a également une existence numérique, avec l’enregistrement des coordonnées de 2200 points géographiques. La signature de l’accord sera accompagnée d’une déclaration sur la gestion commune du fleuve. Les barges d’orpaillage, par exemple, ne pourront être exploitées qu’avec l’accord des deux pays.
(Au-delà ) on peut même voir plus loin, demain peut-être avoir une convention européenne sur le Maroni de façon à faire les berges, à faciliter la circulation, avoir les permis de circulation pour le transport, on peut aller beaucoup plus loin. Mais ce qui est important, c’est de pouvoir identifier la responsabilité de chacun et donc de pouvoir être aussi déterminé pour mettre fin à l’orpaillage illégal ».
Les dernières négociations porteront sur la portion la plus au sud de la frontière. Le document devra être officiellement approuvé par les gouvernements des deux pays, avant d’être ratifié par le Parlement français et l’Assemblée nationale du Suriname.
Le reportage de Sébastien Laporte et Pierre Tréfoux :