Affaire Gauthier Horth : « On a voulu me piéger »

Gauthier Horth artisan minier lors de son procès en appel en correctionnel.
L’affaire Gauthier Horth passait à la chambre des appels correctionnels ce 23 janvier. En 2022, en première instance, le chef d’entreprise a été condamné pour orpaillage illégal et blanchiment. Il continue de clamer son innocence.

Le procès en appel en correctionnelle de Gauthier Horth pour orpaillage illégal et blanchiment s’est tenu ce 23 janvier 2024. Condamné en 2022 pour avoir exploité le site Grand Usine à Régina sur le Haut-Approuague, il estime jusqu’à aujourd’hui n’avoir rien à se reprocher. Il disposait d’une autorisation d’exploiter du sable et du quartz aurifère extrait par les garimpeiros expulsés de la zone en vertu de son ICPE, pour Installation Classée pour la Protection de l’Environnement.

La justice a estimé qu’en aucun cas ce contrat n’ouvre droit à une exploitation du gisement primaire à l’intérieur des galeries. Près de 6 kilos ont été déclarés et plusieurs kilos non déclarés, avance le procureur général. Le magistrat s’empresse d'ajouter qu’il n’est pas contre le minier légal en réponse aux premiers propos de Gauthier Horth, pointant un système judiciaire piloté contre lui et ce qu’il représente en tant qu’ancien président de la fédération des opérateurs miniers de Guyane.

Très vite, c’est tout le débat du minier qui s’invite dans la salle d’audience. Les enjeux sont importants, rappelle le ministère public pour qui concilier préservation de l’environnement et activité humaine même quand il s’agit d’activité minière, est possible.

On s’attaque aux Guyanais, c’est ce qu’il faut comprendre. Lorsqu’on regarde les statistiques, c’est nous qu’on retrouve à la barre des tribunaux pour des raisons très souvent discutables. Je ne comprends toujours pas que neuf ans plus tard, on est en train de me juger pour orpaillage illégal alors même que j’ouvre la voie pour qu’on puisse efficacement lutter contre l’orpaillage illégal.

Gauthier Horth

Dans son plaidoyer, son avocat maître Marcault Derouard souligne ce qu’il estime être un non-respect de la procédure dans ce dossier où il n’a pas été permis au chef d’entreprise de corriger les erreurs éventuelles.

C’est la loi, c’est le code de l’environnement. Si on s’écarte des dispositions de l’ICPE, on s’expose à des contrôles, on s’expose à une mise en demeure. Au bout d’un mois, si la mise en demeure n’a pas débouché sur une régularisation, à partir de ce moment-là on peut effectivement faire l’objet de poursuite.

Maître Marcault Derouard

L’installation de Gauthier Horth à Grand Usine avec sa société Météor faisait suite à un appel à manifestation d’intérêt lancé par l’Etat pour installer des miniers légaux à la place des garimpeiros. L’argument qui s’est peu à peu ancré dans l’administration au point d’être inscrit aujourd’hui dans le code minier est que la nature à horreur du vide. « Occuper l’espace à la place des garimperios », un principe qui n’a pas fait ses preuves selon Guyane Nature Environnement, pour qui aucune des expériences en la matière n’a été couronnée d’un réel succès.

Ce sont des sites qui sont particulièrement complexes, qui sont moins rentables, et c’est avec l’argent que vous avez récupéré en exploitant l’or que vous payez la réhabilitation. Ceux sont des sites qui vont être, de par leurs caractéristiques techniques, particulièrement difficiles à appréhender et pour le moment, ce qui est prévu dans la réforme du code minier ne nous semble pas donner les garde-fous nécessaires pour que cela se passe dans de bonnes conditions.

Garance Lecocq - coordinatrice GNE Guyane

Le jugement est mis en délibéré au 26 mars prochain. En première instance Gauthier Horth a écopé de 15 000€ d’amende et 18 mois de prison avec sursis. Le procureur général a demandé la confirmation des peines sans interdiction de travailler, allant même jusqu’à évoquer une non-inscription au casier judiciaire en cas de condamnation. L’avocat de Gauthier Horth à lui demander une nouvelle fois la relaxe dans cette affaire.